Retraites : avant la mobilisation, l'exécutif fait de tout petits gestes

La méthode est classique. A la veille de chaque journée de mobilisation contre la réforme des retraites, l'exécutif s'emploie à désamorcer la grogne en se disant ouvert à la discussion. Gestes que les syndicats balaient du revers de la main, les jugeant généralement « intéressants », mais « marginaux ». Mardi, Eric Woerth s'est plié à l'exercice. Dans un entretien au « Parisien », le ministre du Travail annonce de nouveaux amendements lors de l'examen par le Sénat à partir du 5 octobre. Notamment pour tenir compte de la situation des handicapés, jusque-là absents de la réforme. « Le président de la République souhaite augmenter le nombre de personnes handicapées pouvant bénéficier d'un régime de départ anticipé à la retraite. Nous allons nous y atteler », indique Eric Woerth. Pour l'instant, les handicapés justifiant d'un taux d'invalidité de 80 % ? soit environ 1.000 personnes par an ? peuvent liquider leurs pensions à 55 ans. Il s'agirait de corriger les effets négatifs de la réforme et, peut-être, d'ouvrir le dispositif, mais le gouvernement se refuse à en dévoiler le détail. Le flou est tout aussi soigneusement entretenu autour des chômeurs âgés. Le 9 septembre, François Fillon s'était attiré les foudres des partenaires sociaux en les invitant à intégrer les effets de la réforme des retraites dans la prochaine convention d'assurance chômage négociée début 2011. Le gouvernement ne viendrait, lui, que compléter la prise en charge par un dispositif proche de l'Allocation équivalent retraite (AER). Eric Woerth se montre plus prudent. « Nous devons par ailleurs répondre aux craintes des chômeurs âgés qui comptaient pouvoir prendre bientôt leur retraite », souligne le ministre du Travail, sans préciser à qui incomberait le financement d'une telle mesure. les syndicats dubitatifsAlors qu'ils espèrent mobiliser ce jeudi autant de monde que le 7 septembre (2,7 millions de personnes, selon la CGT), les syndicats se montraient, mardi, dubitatifs sur la portée effective de ces gestes. Sans en nier l'importance symbolique. « Au départ, le gouvernement nous a parlé d'une réforme magnifique, juste. Puis, il nous a dit qu'il allait corriger des injustices sur les polypensionnés ou la pénibilité. Aujourd'hui, il parle des handicapés. A force de corriger des inégalités, peut-être qu'il se rendra compte que c'est toute sa réforme qui est injuste », ironise Jean-Louis Malys, le monsieur « retraites » de la CFDT.
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