L'immobilier pénalise la reprise américaine

Les mises en chantier aux Etats-Unis ont beau avoir surpris les spécialistes en progressant de 10,5 % en août, aucun d'entre eux n'irait jusqu'à déclarer que la crise est finie. « Cette augmentation laisse penser que le marché se stabilise, après une rechute due à l'expiration des avantages fiscaux (de 8.000 dollars pour les primo-acquérants jusqu'en juin, NDLR), mais cette « bonne » performance ne devrait pas durer », avance ainsi Julien Thomas, économiste chez Natixis. Les ventes de maisons neuves et anciennes, rendues publiques ce jeudi pour les deuxièmes et le lendemain pour les premières, apporteront leur moisson d'indices. D'ores et déjà, une chose est certaine : si, lors d'une récession classique, c'est l'immobilier, créateur de nombreux emplois (on parle de 5 postes ou plus par logement construit), qui ouvre la voie à la reprise et la stimule, ce ne sera pas le cas cette fois-ci. Stock des logements en hausse Non pas parce que la crise est née de l'éclatement de la bulle immobilière, mais parce que le marché ne parvient pas à trouver un plancher. Selon les derniers chiffres disponibles, les ventes de logements dans leur ensemble ont reculé de 25,5 % en juillet par rapport à juillet 2009, portant le volume de transactions à son plus faible niveau depuis 1995. Certes, les taux d'intérêt sont historiquement bas et les prix, fait inédit sur une décennie, ont baissé de 30 % dans certaines régions depuis le début de la crise, le tout rendant l'achat d'un « home sweet home » attrayant. Mais les ménages veulent plus. C'est de confiance dont ils ont besoin pour acheter. Or entre la fragilité du marché immobilier et la dégradation de celui de l'emploi, ils sont loin d'être sereins. Moralité, le stock de logements anciens augmente, poussé en outre par les milliers de saisies immobilières. Alors qu'en temps normal, il correspond à six mois de ventes, le stock est actuellement de plus d'un an. Dans ces conditions, les prix ne peuvent que baisser, de 5 % à 10 %, selon certains, rognant la valeur des actifs, pour des propriétaires qui doivent souvent rembourser un prêt contracté au pic du marché.Les promoteurs, de leur côté, rechignent à construire. En juillet, ils n'ont mis sur le marché que 210.000 logements neufs, le volume le plus faible depuis quarante ans ! Pour Goldman Sachs, l'âge d'or ne reviendra pas, les ménages ayant compris que l'immobilier n'est plus une valeur sûre. La demande devrait s'affaiblir durablement. Dès aujourd'hui, ce sont, selon les calculs de cette banque, quelque 5 millions d'emplois qui ont définitivement disparu.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.