Un sommet à New York pour sauver les négociations sur le climat

À 75 jours de la conférence internationale sur le climat de Copenhague, qui ne se présente pas sous les meilleurs auspices, l'attention se porte sur le couple États-Unis - Chine, responsable à lui seul d'au moins 40 % des gaz à effet de serre de la planète. Le président chinois, Hu Jintao, doit prononcer à l'ONU, où se tient aujourd'hui un sommet consacré au climat réunissant une centaine de chefs d'État et de gouvernement, un discours qui suscite le plus grand intérêt.Longtemps accusé de privilégier sa croissance à n'importe quel prix, environnemental comme social, Pékin pourrait faire à la tribune de l'ONU une annonce importante, témoignant de son engagement à participer à la lutte mondiale contre le réchauffement. Un signal fort de la part du numéro un chinois pourrait débloquer les négociations climat dans lesquelles la première puissance économique mondiale, les États-Unis, hésite à s'impliquer. Et permettre de sortir de la guerre de tranchées dans laquelle sont enfermées les deux grandes puissances : d'un côté Pékin a, jusqu'à présent, refusé tout objectif contraignant de réduction de ses émissions de CO2 au nom de son rattrapage économique et, de l'autre, Washington écarte tout engagement ambitieux au nom de la compétitivité de ses entreprises.les bienfaits de la criseC'est ce face-à-face qui a paralysé les négociations climat ces dernières années. Et pourrait laisser place à présent à une dynamique nouvelle si les deux protagonistes trouvaient un terrain d'entente (voir ci-dessous). D'ailleurs, Hu Jintao rencontrera en marge du sommet son homologue américain, Barack Obama, dont la visite est attendue en Chine en novembre.Paradoxalement, la crise économique pourrait être un atout. Certes, les États sont financièrement exsangues. Mais la crise a aussi renouvelé les discours politiques. En France, ce changement a culminé la semaine passée avec le débat sur les indicateurs du bien-être tenant compte de la dégradation sociale et environnementale. À Washington, Michael Forman, principal conseiller de Barack Obama, vient d'adresser à ses collègues du G20, à la veille d'un sommet de ce forum, une lettre pour les encourager à « adopter un cadre politique qui mènerait à une croissance durable et équilibrée ». Surtout, la crise engendre une montée brutale du chômage et rend plus attrayante l'hypothèse des emplois « verts » chiffrés à 10 millions d'ici à 2020 par Tony Blair, l'ancien Premier ministre, qui doit présenter un rapport à ce sujet à l'ONU.Ce changement de ton ne pourra pas à lui seul sauver Copenhague. Mais, pour nombre d'experts, le rendez-vous de décembre ne doit plus être considéré comme l'aboutissement ultime des négociations d'où émergerait un accord tout ficelé. Il doit plutôt être considéré comme une étape d'où sortira un accord-cadre que les négociateurs compléteront en 2010. Le cas s'était déjà produit en 1997 à Kyoto dont le traité éponyme n'a en fait été finalisé qu'à Marrakech quatre ans plus tard.
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