La Fed entrouvre la porte à une nouvelle vague de rachats d'actifs

Certes la plus profonde et la plus longue récession qu'aient connu les États-Unis depuis la grande Dépression est terminée. Elle s'est achevée en juin 2009, selon le National Bureau of Economic Research (NBER), le spécialiste américain des cycles. Il n'empêche que la Réserve fédérale qui réunissait hier son conseil ne peut pas se satisfaire de ce simple constat qui occulte le refroidissement des deux derniers trimestres et le maintien d'un taux de chômage à un niveau, exceptionnellement élevé outre-Atlantique, de 9,6 % de la population active. D'ailleurs, le NBER se défend de dessiner un scénario rose, insistant sur le fait qu'il ne prétend nullement que l'activité soit revenue à la normale, tandis que l'OCDE a fortement révisé en baisse ses prévisions de croissance aux États-Unis. Alors qu'en mai elle tablait sur une progression du PIB américain de 3,2 % en 2010 et 2011, l'Organisation, qui a livré ses nouvelles prévisions lundi, ne prévoit plus que 1,5 % de croissance cette année et 2,3 % l'an prochain. Nul risque de double plongeon dans la récession évoqué par certains Cassandre, mais un coup de froid si sérieux qu'il ne permet pas d'attendre de nette amélioration de la situation de l'emploi. Or, justement la stimulation de l'emploi constitue au même titre que la surveillance de l'inflation l'une des deux missions de la Fed.À l'issue de sa réunion, et forte de ce constat, la Fed a maintenu la fourchette du taux cible des fonds fédéraux au niveau de 0 % - 0,25 % sur lequel il stationne depuis décembre 2008, répétant que les taux seraient maintenus « à un niveau exceptionnellement bas pendant une période prolongée » et a entrouvert la porte à une nouvelle phase d'assouplissement quantitatif, le QE 2 (pour « quantitative easing » 2), comme la surnomme déjà les anglo-saxons. Le marché obligataire a salué par une détente des rendements à deux ans à un nouveau plancher historique de 0,45 %. Dès la fin août, Ben Bernanke n'avait pas caché sa préoccupation. Lors d'un discours très attendu à l'ouverture du symposium annuel de Jackson Hole, le président de la Fed, émettant un diagnostic mi-figue mi-raisin sur les perspectives économiques - le même que celui fait hier par la Fed -, avait déclaré que son institution se tenait prête à secourir l'économie américaine « si nécessaire ». Si l'on en croit le verdict des « Sages » du conseil de la Fed, la nécessité en question ne se fait pas encore sentir, mais eux aussi déclarent veiller au grain. Le « QE 2 » sera activé si le besoin s'en fait sentir. La Fed, selon l'économiste de Barclays, Laurence Boone, aurait la capacité de relancer un programme de 500 à 1.000 milliards de dollars pour procéder à de nouveaux rachats d'actifs hypothécaires, dont elle avait acquis 1.250 milliards de dollars, et/ou de titres de dette publique, dont elle avait engrangé 300 milliards de dollars. Pour l'heure elle va continuer à mettre en oeuvre la stratégie annoncée à l'issue de sa réunion du 10 août : le réinvestissement en emprunts d'État des remboursements liés au portefeuille de titres hypothécaires acquis lors de la première phase du « QE », qui s'est achevée le 31 mars. Depuis lors, elle en a absorbé 17,6 milliards de dollars.
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