L'écologie sera rentable ou ne sera pas  !

oint de vue Charles Beigbeder et Dominique Reynié (*)Plus personne ne conteste l'importance de l'enjeu écologique. La cause de l'environnement est définitivement installée au c?ur du débat et de l'action politiques. Mais il y a deux conceptions de l'écologie : l'une prétend changer l'Homme en contraignant sa capacité d'action, quand l'autre propose d'agir sur les conséquences de cette action. La première est culpabilisante et régressive. L'autre se veut incitative, rationnelle et progressiste : elle parie sur la croissance verte.L'écologie régressive oppose, de façon plus ou moins assumée, la production de richesses à la protection de l'environnement. Le marché, l'activité économique, l'industrie ou les entrepreneurs sont désignés comme les ennemis de la Nature. De cette condamnation a priori peut naître la tentation de réduire l'activité économique, de limiter, voire d'empêcher, les progrès de la connaissance. Certains fondamentalistes de l'écologie vont jusqu'à prôner la décroissance, nous sommant de choisir entre le progrès économique et la planète. Ce discours bénéficie d'un certain écho parce qu'il prend en charge une partie de l'hostilité à l'économie de marché dans un monde désormais sans communisme. Il jouit aussi d'un authentique privilège médiatique parce que le ton sur lequel il est tenu est volontiers alarmiste et qu'il permet des mises en scène spectaculaires. C'est le syndrome du tétanisé !Nous nous inscrivons en faux contre cette vision rétrograde de l'écologie. La cause de l'environnement ne vaut en effet que parce qu'elle sert le développement humain et ne peut être invoquée pour empêcher l'homme d'avancer, d'innover, d'améliorer son sort. Comment expliquer aux pays en développement qu'ils doivent ralentir leur croissance pour préserver notre environnement ? Et comment prétendre maîtriser les dangers qui menacent la planète en renonçant à la science et au progrès technique ? Ouvrons les yeux : l'écologie sera donc progressiste ou ne sera pas. C'est par l'innovation et l'investissement que nous relèverons ces défis. L'écologie est une formidable promesse de prospérité pour nos universités et notre recherche. De même, la protection de l'environnement ouvre des opportunités de marché considérables. Ils contribueront à l'avènement d'une croissance durable.Tous les domaines d'activité sont concernés. Il s'agit de rendre l'ensemble de notre économie moins émettrice de carbone, plus sobre en énergie, plus respectueuse de la biosphère. Quelques secteurs clés sont en pointe de cette révolution verte. C'est le cas des procédés d'efficacité énergétique. En changeant nos comportements, en améliorant nos installations, nous sommes dès aujourd'hui capables de réduire de moitié nos émissions de gaz à effet de serre. Et ce n'est qu'un début : des compteurs communicants aux réseaux intelligents, en passant par l'isolation et la domotique, les innovations laissent espérer des économies d'énergie toujours plus importantes chez les particuliers comme dans les entreprises.Dans l'éco-industrie, de nouveaux procédés de gestion des déchets, d'assainissement de l'eau et de l'air sont en train d'apparaître. Nous savons désormais que les ressources naturelles ne sont pas abondantes et qu'il nous faut apprendre à consommer moins tout en limitant au maximum notre empreinte environnementale. Des solutions innovantes existent. Pensons par exemple à la désalinisation, à la récupération de la pluie, de la rosée, et des eaux usées, autant de sources que nous pourrions exploiter.Les énergies renouvelables, de plus en plus performantes, nous permettent de nous désintoxiquer progressivement du pétrole. Dynamisés par les progrès formidables en matière de recherche et développement, l'éolien, le photovoltaïque s'imposent à grande vitesse et gagnent en rentabilité, en attendant la production d'électricité à partir de biomasse ou d'énergies marines.Ces avancées nous montrent que ce ne sont pas les restrictions mais l'évolution des comportements et l'innovation qui nous permettent d'affronter le défi écologique. La croissance verte offre des opportunités de marché considérables. De l'Agence internationale pour l'énergie (AIE) à l'OCDE, en passant par le Programme des nations unies pour l'environnement (PNUE), les organismes internationaux publient des chiffres impressionnants sur l'estimation de la richesse créée par le défi écologique. Le PNUE estime ainsi que le marché mondial des produits et services liés à l'environnement devrait passer de 1.370 milliards de dollars par an actuellement à 2.740 milliards de dollars vers 2020.La France doit saisir au plus vite cette occasion de renouer avec la croissance. L'économie verte est l'enjeu d'une âpre compétition internationale. Cette bataille n'aura pas lieu dans un avenir lointain. Elle a déjà commencé. L'Allemagne, le Japon, les États-Unis, la Corée du Sud, l'Espagne et même la Chine ont compris avant nous que de la croissance verte dépend leur survie, et dominent aujourd'hui le secteur des énergies propres. Q-Cells en Allemagne, First Solar aux États-Unis ou Suntech Power en Chine, les groupes étrangers sont nombreux à produire en masse des panneaux solaires toujours plus performants, toujours plus fiables. Ce sont ces mêmes panneaux que nous utilisons pour équiper les toits de nos maisons, de nos entrepôts ou de nos supermarchés. Ne nous laissons pas déprimer, ne nous laissons pas distancer : réussissons la croissance verte ! n(*) Charles Beigbeder, vice-président de la Fondation pour l'innovation politique, coordinateur du pôle « écologie », président de Poweo. Dominique Reynié, directeur général de la Fondation pour l'innovation politique, professeur à Sciences po.
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