Predator : la France discute avec les Etats-Unis

La France et les Etats-Unis discutent à propos d\'un achat français d\'un drone MALE (Moyenne Altitude, Longue Endurance) américain. Plus précisément, le ministère de la Défense a \"entamé à cette fin des discussions informelles avec l\'industriel américain General Atomics\", fabricant du fameux Predator, a expliqué la semaine dernière le délégué général de l\'armement, Laurent Collet-Billon, aux députés de la commission de la défense de l\'Assemblée nationale. \"Si nous voulons doter nos forces très rapidement de moyens opérationnels, la seule source, ce sont les États-Unis, avec tous les inconvénients\" connus, notamment \"en matière de maîtrise des logiciels et de certains capteurs\". Pourtant la période ne semble pas propice à une accélération des négociations.Pourquoi ? \"La période électorale aux États-Unis ne favorise pas un aboutissement immédiat de cette démarche\", a-t-il précisé. Surtout et c\'est lié, comme le fait valoir, le député PS de Meurthe-et-Moselle, Jean-Yves Le Déaut, \"acheter du matériel américain\" ne va \"pas sans poser des problèmes de codes sources, que les Américains ne livrent jamais, pas même aux Britanniques\". En clair, détenir les codes sources, qui relèvent souvent de la souveraineté nationale, c\'est contrôler les missions des drones des pays clients, via les systèmes de commucation des drones (liaisons de données). Les pays clients \"dépendent opérationnelles des Américains\", explique un bon connaisseur du sujet. Cela peut être dérangeant pour la France d\'être surveillée par les Etats-Unis ou de soir interdire une opération pour des raisons de stratégie américaine. D\'où la volonté de la France de négocier une francisation des capteurs du Predator, qui se heurte aujourd\'hui à la campagne présidentielle américaine. L\'élection aura lieu le mardi 6 novembre.Une européanisation du drone ?\"Nous travaillons sur la possibilité de distinguer la chaîne de pilotage de la chaîne de mission, de manière à doter ces drones de capteurs ou d\'armements européens\", a détaillé Laurent Collet-Billon. D\'où les discussions avec General Atomics, qui ne produit ni les capteurs ni les armements. Pour autant, rappelle le délégué général pour l\'armement, la France a réservé des crédits budgétaires à l\'achat du système de drone MALE intermédiaire. \"J\'ai préservé les crédits qui nous permettront en 2013 de commander des drones, notamment le drone MALE intermédiaire\", avait confirmé début octobre aux députés le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian.Pour Laurent Collet-Billon, l\'achat du Predator apparait logique dans la mesure où \"le Royaume-Uni et l\'Italie possèdent déjà des drones de General Atomics. L\'Allemagne a déposé en janvier 2012 une demande de FMS - Foreign Military Sale - pour l\'acquisition de Predator\". En outre, a souligné le délégué général pour l\'armement, \"l\'Allemagne et la France ont engagé une réflexion, en cohérence avec nos travaux avec le Royaume-Uni, sur la possibilité d\'entreprendre en commun une démarche d\'européanisation des équipements et, progressivement, du drone\". À plus long terme, \"c\'est-à-dire au-delà de 2020, le calendrier dépendra de nos capacités budgétaires et des priorités que nous aurons définies\", a-t-il conclu30 millions d\'euros dépensés sur le drone Talarion abandonnéSur le projet de drone MALE Talarion développé par EADS, \"les crédits dépensés dans le cadre du programme se sont élevés à quelque 30 millions d\'euros\", a affirmé Laurent Collet-Billon. Et de souligner que \"l\'opération a été arrêtée parce qu\'elle conduisait à un objet trop volumineux qui ne correspondait pas aux besoins de l\'armée française\". La première partie du travail sur Talarion portait sur la création d\'un porteur. \"Or cette opération, qui aurait été intégralement réalisée en Allemagne, nous aurait conduits jusqu\'en 2017\", a-t-il précisé. \"Se posait aussi la question de la participation de notre industrie à la réalisation des capteurs. Nous n\'avons donc pas poursuivi cette opération. Cela n\'a d\'ailleurs laissé aucune séquelle dans les relations entre l\'Allemagne et la France\", a-t-il assuré.
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