« Les relations sociales sortiront dégradées de ce conflit »

Le conflit actuel laissera-t-il des traces sur le climat social ? Quelle qu'en soit l'issue, ce conflit va marquer une dégradation des relations sociales. Dans les entreprises, il va jouer un rôle d'amplification. A l'instar de ce qui se passe quand on est de mauvaise humeur, tout devient insupportable. Quels sont les risques concrets ? Les négociations annuelles obligatoires sur les salaires risquent de devenir des négociations de compensation. Parce qu'ils devront travailler plus longtemps pour obtenir leur retraite, les salariés seront plus exigeants vis-à-vis de leur employeur en matière salariale. La réforme des retraites peut aussi relancer la question de l'emploi des seniors. Les délégués syndicaux demanderont aux entreprises de mettre en concordance leur discours avec des mesures concrètes. La pression sera forte sur les employeurs qui, pour l'instant, ont surtout signé des accords-cadres ou des accords d'intention, sans engagements précis. Au niveau national, la cassure est-elle profonde entre Nicolas Sarkozy et les syndicats ? La « bonne entente » entre le gouvernement et les organisations syndicales avait déjà été mise à mal avant la réforme des retraites. Le premier accrochage date de 2008. La remise en cause unilatérale des 35 heures a pris de court les syndicats alors que Nicolas Sarkozy avait promis de s'appuyer sur le dialogue social pendant sa campagne de 2007. Avec les retraites, la rupture est désormais consommée. Est-elle définitive ? A court terme, des dossiers comme la dépendance peuvent en pâtir. Car les syndicats auront du mal à s'asseoir autour de la table. Mais c'est surtout dans la perspective de 2012 que l'enjeu sera important. S'il est élu pour un second quinquennat, Nicolas Sarkozy aura besoin de rétablir la confiance avec les syndicats s'il veut mener des réformes sociales. Or, la cassure des retraites sera difficile à surmonter. Le dialogue avec le patronat sera-t-il moins dégradé ? Dans les négociations Unedic ou sur les retraites complémentaires qui démarrent début 2011, les partenaires sociaux risquent d'avoir des réticences à avancer. Depuis l'épisode du dialogue social dans les Très petites entreprises (TPE), la rupture existe aussi avec le patronat. Propos recueillis par A. L. Denis Monneuse, sociologue, directeur de projet chez « Entreprise & Personnel »
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