Réciprocité : quand le gouvernement plagie Jacques Chirac

Voici qui apportera un peu d\'eau au moulin des détracteurs de Bruxelles qui pointent régulièrement la lenteur de ses prises de décision. «L\'approbation de la politique européenne du gouvernement supposerait que celle-ci fût clairement affirmée à l\'égard des errements actuels de la Communauté économique européenne. Il est de fait que cette Communauté -en dehors d\'une politique agricole commune, d\'ailleurs menacée- tend à n\'être, aujourd\'hui, guère plus qu\'une zone de libre-échange favorable aux intérêts étrangers les plus puissants, mais qui voue au démantèlement des pans entiers de notre industrie laissée sans protection contre des concurrences inégales, sauvages ou qui se gardent de nous accorder la réciprocité. On ne saurait demander aux Français de souscrire ainsi à leur asservissement économique, au marasme et au chômage».Du Montebourg dans le texte!On dirait du Montebourg! Et pourtant, l\'auteur de cette tirade n\'est autre que Jacques Chirac. Une tirade qui fait partie de «l\'Appel de Cochin» lancé par l\'ancien président de la République, alors maire de Paris, le 26 novembre 1978 pour dénoncer la politique pro-européenne de Valéry Giscard d\'Estaing alors à la tête de l\'Etat.Certes, la CEE n\'est plus. Avec la création de l\'Union européenne (UE) le 1er novembre 1993, la CEE est devenue la Communauté européenne (CE), un des trois piliers de l\'UE avant de disparaître lors de l\'entrée en vigueur du traité de Lisbonne le 1er décembre 2009. Mais la question de la réciprocité continue d\'agiter la classe politique.En 1978, la Chine et les autres pays émergents étaient encore des pays en voie de développement. Ils n\'étaient pas encore des concurrents sérieux pour les économies industrialisées. Jacques Chirac dénonçait plutôt la politique jugée anti-nationale de l\'Europe fédérale d\'un «parti de l\'étranger» -clairement l\'UDF créé par VGE- qui favorisait selon lui l\'hégémonie économique américaine.«Nous devons exiger la réciprocité», avait notamment déclaré Arnaud Montebourg, le ministre français du Redressement productif, lors de sa première interview au sein du nouveau gouvernement en mai, promettant de remettre sur la table des négociations le projet de taxe carbone aux frontières de l\'UE, visant tout particulièrement la Chine dont l\'industrie n\'est pas sujette à des plafonds d\'émission de CO2.Nicole Bricq à Bruxelles ce mercredi Nicole Bricq, la ministre en charge du Commerce extérieur se rendra ce mercredi à Bruxelles pour préparer le conseil Affaires étrangères - Commerce prévu le 29 novembre. Elle plaidera notamment «pour la réciprocité dans les échanges commerciaux et réaffirmera, à ce titre, le soutien de la France à la proposition de la Commission de faciliter l\'accès des entreprises européennes aux marchés publics internationaux», précise le communiqué de Bercy.«Il est inacceptable que les marchés publics européens soient ouverts aux pays tiers et ne bénéficient pas d\'un accès équivalent», avait-elle déclaré à l\'issue d\'une réunion avec le commissaire au commerce, Karel De Gucht, et le commissaire au marché intérieur, Michel Barnier, le 3 septembre dernier à Bruxelles. La ministre a expliqué que si l\'Europe n\'avançait pas sur la question de la réciprocité, la France imposerait des conditions aux accords de libre-échange européens actuellement en négociation avec le Canada, les États-Unis et le Japon.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.