Pacte de compétitivité : paroles de patrons

Il y a ceux qui ne sont pas vraiment au courant. Il y a ceux qui prédisent que cela ne changera rien car le gouvernement tape à côté de la plaque. Il y a ceux qui reconnaissent que c\'est un début... Le Medef Ile-de-France, présidé par Marie-Christine Oghly, organisait ce mercredi 21 novembre une rencontre entre plusieurs chefs d\'entreprises sur le thème «la compétitivité des entreprises». Le moins que l\'on puisse dire, c\'est que le «pacte de compétitivité», dévoilé par le gouvernement Ayrault le 6 novembre au lendemain de la remise du rapport Gallois, est très diversement apprécié, notamment sa mesure phare: le crédit d\'impôt pour la compétitivité et l\'emploi (CICE) qui va permettre «d\' injecter» 20 milliards d\'euros dans les entreprises, en accordant une ristourne d\'impôt sur les sociétés, selon une méthode de calcul qui s\'appuiera sur la masse salariale des entreprises tenant compte des salaires compris entre un Smic et 2,5 Smic. Pour Marie-Christine Oghly, elle-même présidente d\'une entreprises de logiciels: \"certes, ce pacte c\'est un premier pas. Mais nous sommes encore totalement dans l\'expectative. Nous ne savons pas s\'il faudra attendre 2014 pour bénéficier du crédit d\'impôt. Et y aura-t-il des contreparties exigées? Il y a aussi un immense besoin de flexibilité sur le marché du travail. Et là, rien ne dit que la négociation avec les syndicats va aboutir. Et puis, surtout, pour nous les PME, ce qu\'il nous faut, c\'est de la stabilité, sur un plan juridique et fiscal.\"Une revendication: la stabilité des règlesUne stabilité également demandée par Jacques Massieux, président de l\'entreprise de location de matériels Dron SA (90 salariés et 20 millions de CA): «chaque année il y a une nouveauté: un plan senior, un plan parité, etc. Que des lourdeurs qui grèvent notre compétitivité! Je ne comprends toujours pas pourquoi la précédente majorité n\'a pas, dès 2007, augmenté la TVA de 1 point. Cela aurait évité bien des problèmes. Quant au crédit d\'impôt, j\'en ai un peu marre que l\'on prenne les chefs d\'entreprises comme des chasseurs de primes. Que l\'on nous assure surtout de la souplesse et de la stabilité!» Luc-Eric Krief, patron d\'une entreprise spécialisée dans le plastique (SD2M, 87 salariés, 9 millions de CA) est un peu sur la même longueur d\'ondes: «je crains que le gouvernement n\'ait un train de retard. On s\'épuise à voir les choses fluctuer tout le temps. On perd pied. Notre droit social est complètement dépassé. Les industriels français sont compétitifs en termes de savoir-faire mais pas sur le coût du travail. Marie Azeverdo, présidente de Resocom, une PME de 15 salariés très en pointe sur le contrôle de la fraude à l\'identité, reconnaît elle aussi que les entreprises françaises ne sont pas toujours à égalité avec leurs homologues européennes. «Par exemple, nous devons chaque année déposer nos comptes devant le Tribunal de Commerce. J\'étais en compétition sur un appel d\'offre avec une entreprises anglaise qui, elle, n\'avait pas à remplir cette formalité. Résultat, en allant sur Info Greffe, on connaissait tout de mon entreprise, de sa stratégie, de sa situation...» Un crédit d\'impôt davantage tourné vers l\'emploi que vers la compétitivitéAlexandre Zapolsky, l\'heureux président de Linagora une PME de 150 salariés (10 millions de CA) spécialisée dans la vente de logiciels et qui s\'attend à une croissance de... 40 à 50% en 2013, défend le crédit d\'impôt. Très impliqué dans la vie du Medef, il se félicite que le débat engagé par l\'organisation patronale depuis des années ait «enfin porté ses fruits». Nous sommes d\'accord sur le CICE, mais attention à ses modalités d\'application. Et puis, il aurait été mieux de prendre en compte les salaires jusqu\'à 3,5 Smic. C\'est là où l\'on trouve les ingénieurs qui se battent à l\'export pour conquérir des marchés. Le CICE, tel qu\'il est actuellement formaté, est davantage un crédit d\'impôt pour l\'emploi que pour la compétitivité. Pour preuve, le mécanisme va profiter en premier lieu aux emplois de services à la personne qui ne sont pas les plus exposés!» Une observation reprise par plusieurs participants, comme Antoine Hollard, président d\'une entreprise d\'ameublement et chef de file du Medef de Seine-Saint Denis, ou Marie-Christine Oghly: «c\'est vrai que c\'est en fait une sorte d\'aide pour l\'emploi, sinon, s\'il s\'agissait de privilégier les entreprises ayant besoin de compétitivité à l\'export, il fallait se concentrer sur des salaires plus hauts. Ce que nous regrettons, avec le dispositif arrêté, c\'est que les salariés, eux, ne bénéficient pas d\'allègements de cotisations comme le préconisait le Medef»....Bref, il va falloir que le gouvernement cale bien son dispositif... et rapidement, tant les entreprises sont dans l\'attente. Mais l\'on voit bien aussi que la question de la compétitivité hors coût est également essentielle: tous les patrons de PME dénoncent l\'instabilité des règles ainsi que le trop grand nombre de tracasseries.
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