L'euro ne dispose que d'un très faible potentiel d'appréciation

Depuis la dernière réunion de la Réserve fédérale et son passage à l'acte - la mise en oeuvre de la deuxième vague d'assouplissement quantitatif - le 3 novembre -, l'attention des acteurs du marché des changes s'est détournée du dollar pour se reporter sur l'euro. La crise souveraine de la zone euro est redevenue l'ennemi public n°1 des marchés financiers et la monnaie unique a encaissé de plein fouet ce brutal changement de cap. Néanmoins, après un recul de 6 % en quinze jours face au dollar, l'euro a repris son souffle depuis l'arrivée jeudi à Dublin de la délégation de l'Union européenne, de la Banque centrale européenne et du Fonds monétaire international, visant à mettre sur pied un plan de secours destiné à assainir les banques irlandaises, au coeur de la tempête financière qui menace toute l'Europe. D'un point bas de 1,3595 dollar touché le 15 novembre, l'euro est remonté à la veille du week-end jusqu'à 1,3730. La probabilité que ce rebond s'amplifie reste cependant faible. Car même si une solution à la crise irlandaise est trouvée au cours des prochains jours, l'ombre d'un pays bien plus grand que l'ex- Tigre reste omniprésente. « La frontière finale »Pour les stratèges de Barclays Capital, le spectre d'une crise de l'Espagne, « la frontière finale », hante les marchés, bien que sa situation soit très différente de celle de la Grèce, de l'Irlande ou du Portugal. L'avenir de l'euro est également obscurci par la montée de l'aversion au risque qui favorise le dollar, lequel tire les dividendes de l'amélioration des indicateurs économiques américains, qui a provoqué une remontée des taux à long terme. Si la BCE a vu avec soulagement l'euro surévalué redescendre de son piédestal, les turbulences actuelles la placent dans une situation extrêmement inconfortable. Elle a dû reprendre ses rachats de dette, après une interruption de trois semaines, pour soutenir l'Eire dont les banques sont, en outre, totalement dépendantes de la liquidité que la BCE leur fournit au taux fixe de 1 % en quantités illimitées. Une aubaine telle que, selon les estimations, les institutions financières celtes ont demandé 130 milliards d'euros à la BCE en octobre, soit 80 % du PIB irlandais. Résultat : on voit surgir une distinction claire entre gestion de la liquidité et politique de taux. Ce qui a fait dire à Jean-Claude Trichet que la BCE pourrait modifier le niveau de ses taux avant de mettre fin aux mesures exceptionnelles de lutte contre la crise. Isabelle Croizard
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