Le capital-investissement se pique de développement durable

Capital-investissement et développement durable font bon ménage. Les investisseurs ont tout à gagner à passer leurs cibles au crible des critères extra-financiers, dits ESG (environnement, social, gouvernance), à les aider à progresser sur ces sujets, puis à valoriser à la sortie les efforts accomplis. Fort de cette conviction, le fondateur d'OFI Private Equity, Olivier Millet, qui préside le club « Développement durable » de l'Afic (Association française des investisseurs en capital), a présenté il y a quelques jours à ses membres un ouvrage intitulé « Développement durable et capital-investissement ». Ce guide de mise en oeuvre d'une politique ESG au sein des sociétés de gestion comme de leurs participations est alimenté de témoignages recueillis auprès d'investisseurs institutionnels et de professionnels du capital-investissement français et étrangers ayant d'ores et déjà entamé ce type de démarche.Les investisseurs en général et les sociétés de gestion en particulier sont en effet de plus en plus nombreux à s'intéresser à ces sujets, à côté de la rentabilité strictement financière des entreprises sur lesquelles ils misent. La pression sur les entreprises vient de tous côtés. De l'État d'abord, via la réglementation : après la loi NRE instaurée en 2003 pour les entreprises cotées, la loi Grenelle 2 devrait étendre l'obligation d'information sur les impacts environnementaux et sociaux de leurs activités à toutes les entreprises de plus de 500 salariés ; des consommateurs, de plus en plus attentifs aux vertus sociales et environnementales des marques ; mais aussi des autres entreprises dont elles sont les fournisseurs... et même des investisseurs institutionnels.Meilleure gestion des risques« Dans quelques années, la prise en compte de critères ESG constituera très probablement un avantage concurrentiel pour lever des fonds », peut-on ainsi lire dans le guide de l'Afic. Il faut dire qu'une politique ESG est synonyme de meilleure gestion des risques, de capacité à répondre à certains appels d'offres ou à de nouvelles demandes de consommateurs et, bien sûr, de baisse des coûts. Le fonds américain KKR (voir ci-dessous) affiche ainsi une économie d'énergie globale de 160 millions de dollars grâce à la mise en oeuvre de politiques durables au sein des entreprises de son « Green Portfolio ». Autant de bons points à valoriser à la sortie.Un reporting crédible sur ces sujets est indispensable à chaque étape de la mise en oeuvre de telles politiques, diagnostic, fixation d'objectifs et mesure régulière des progrès accomplis. « À chacun de développer le sien, précise Olivier Millet. Cela n'a pas encore une incidence fondamentale, mais dans quelques années, une fraction de la valeur des entreprises reposera sur des éléments qualitatifs, qu'il faudra quantifier. »Pour Sylvain Lambert, associé au département développement durable de PwC, il est essentiel que le private equity s'intéresse au développement durable, ne serait-ce qu'en raison de l'empreinte qui est la sienne dans l'économie à travers ses participations. Sans surprise, les sociétés patrimoniales sont les plus enclines à prendre en compte des enjeux de long terme, mais d'autres entreprises sont aussi capables d'entreprendre de profondes transformations pour devenir plus « durables » à la demande de sociétés de gestion.
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