EDF refuse toute négociation sur le prix de l'électricité

La tension monte dans le petit monde français de l'électricité. Après plus de deux ans de tractations, le gouvernement doit décider avant la fin du premier trimestre 2011 du prix auquel EDF devra vendre à ses concurrents jusqu'à 25 % de sa production nucléaire, conformément à la loi Nome (sur la nouvelle organisation du marché de l'électricité), imposée par Bruxelles et qui vient d'être votée. Au fur et à mesure que la décision finale approche, cette bataille prend l'allure d'un duel entre les deux géants français de l'énergie, EDF et GDF Suez. Sous l'oeil très embarrassé de leur actionnaire principal commun, l'État, qui tranchera en dernier ressort.Henri Proglio, PDG d'EDF, vient de créer une nouvelle fois la surprise en arborant une position hostile à toute négociation. « Je ne concevrais pas que le prix de cession soit inférieur à 42 euros ou qu'on remette en cause ce qui est le résultat d'une analyse qui a été longuement élaborée et validée par les deux chambres du Parlement », a déclaré le PDG d'EDF devant les sénateurs le 14 décembre. En clair : pour lui, le débat est terminé ! Selon lui, la loi Nome indique d'ores et déjà le prix de départ (42 euros) et il attend tout simplement que les textes en préparation le précisent. « Je demande que la loi soit appliquée », souligne-t-il, laissant planer la menace d'éventuels recours.Stupéfaction et agacementNi ses concurrents ni le gouvernement ne partagent cette vision. Le ministre de l'Énergie, Éric Besson, vient de confirmer à Paul Champsaur la mission que lui avait confiée son prédécesseur Jean-Louis Borloo sur la formation de ce prix (voir « La Tribune » du 14 octobre 2010). Ce spécialiste de la concurrence doit rendre sa copie fin février. « S'il doit essentiellement travailler sur la structure du prix, son rapport donnera des éclaircissements sur le prix de départ », déclare un conseiller d'Éric Besson, qui confirme que le gouvernement s'appuiera sur ce travail pour prendre sa décision. En attendant cet arrêté, un décret précisera les autres modalités de ce dispositif.Chez les concurrents d'EDF, la stupéfaction le dispute à l'agacement. Sortant de sa réserve habituelle, Gérard Mestrallet, PDG de GDF Suez, principal concurrent d'EDF dans l'électricité, a qualifié d'« inacceptable » ce prix de 42 euros, dans un entretien accordé lundi à « La Tribune ». Il demande 35 euros. « Le prix de revient de l'électricité nucléaire d'EDF, auquel se réfère la loi Nome est de 31 euros le MWh », affirme-t-il. « C'est à ce prix que nous rachetons une partie du courant des centrales du Tricastin et de Chooz », ajoute-t-il. « GDF Suez oublie que ce prix ne prend pas en compte l'investissement initial », réplique EDF. « Henri Proglio veut faire payer deux fois le parc nucléaire aux Français », s'étrangle un autre concurrent.Dans cette bataille de chiffres, chacun mise sur la technicité du débat pour brouiller les pistes. La loi Nome fait référence au Tartam, un tarif pour les entreprises qui s'élève à 42 euros le MWh. « Dans le Tartam, le ruban nucléaire qui correspond à ce qu'EDF devra céder à ses concurrents, revient entre 38 et 39 euros », affirme un spécialiste. C'est aussi l'avis exprimé en mai par la Commission de régulation de l'énergie, à qui incombera la lourde tâche de fixer ce fameux prix dans trois ans.
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