Les politiques au chevet de l'industrie

Les politiques retrouvent le chemin des usines à seize mois de l'élection présidentielle de 2012. Ce mercredi, Ségolène Royal est dans la région Rhône-Alpes, aux côtés des salariés de l'entreprise textile Lejaby, menacée de délocalisation. La semaine dernière, la candidate aux primaires socialistes était auprès des anciens employés de LU, victimes de « licenciements boursiers » et toujours en conflit avec le groupe Danone. Martine Aubry n'est pas en reste. La première secrétaire du PS s'est rendue jeudi dernier dans ses terres nordistes pour parler « relocalisations », notamment chez Meccano.Nicolas Sarkozy, qui avait bâti sa victoire de 2007 sur le « travailler plus pour gagner plus » et le soutien à « la France qui se lève tôt et qui souffre », est bien décidé à ne pas laisser en friche le terrain industriel. Le chef de l'État a prononcé un plaidoyer pour la « compétitivité », alors qu'il était lui aussi en déplacement la semaine dernière, dans l'Eure. Ces mobilisations soudaines, à droite comme à gauche, doivent beaucoup à l'amorce de la sortie de crise et à la reprise de la croissance.Sur le plan politique, cette redécouverte est surtout la conséquence de l'irruption d'une actrice dérangeante sur la scène industrielle. Marine Le Pen, qui s'installera sauf coup de théâtre en janvier à la tête du Front national, fait de l'économie et du social l'un des axes de sa future campagne présidentielle, au même niveau que l'immigration.Des nationalisations de Pechiney ou de Thomson par la gauche au pouvoir, en 1982, à l'intervention du tout nouveau ministre UMP de l'Industrie, Éric Besson, dans le dossier Ingenico, l'histoire des relations entre l'État et les industries stratégiques est faite de déclarations guerrières - on parle de « patriotisme économique » - et de rendez-vous manqués avec les salariés des entreprises concernées. Ce qui nourrit le procès en impuissance des pouvoirs publics.Tout le monde a en mémoire la phrase malheureuse de Lionel Jospin en 1999. « L'État ne peut pas tout », avait dit le Premier ministre socialiste après des licenciements « boursiers » chez Michelin. Onze ans plus tard, les statistiques de l'Insee reflètent une situation qui nourrit bien des ressentiments dans l'électorat : entre 2002 et 2008, il y a eu environ 80.000 destructions d'emplois industriels par an en France. La crise de 2008 a aggravé la tendance, avec 85.000 emplois détruits cette année-là, avant un record de 171.000 suppressions en 2009. En 2010, on a retrouvé un rythme proche de celui d'avant la crise, avec des prévisions de l'Insee de 72.000 emplois détruits sur l'année.Pour le secrétaire national du PS à l'Industrie, Guillaume Bachelay, « l'élection présidentielle de 2012 se jouera sur une thématique : la France et l'Europe vont-elles sortir des radars de la mondialisation ? » Nicolas Sarkozy, qui décrit les usines comme des « cathédrales », se pose en président « protecteur » pour un second mandat élyséen.
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