Le négociant Trafigura prend 8 % du géant russe Norilsk Nickel

Nouveau rebondissement dans la saga du russe Norilsk Nickel. Le numéro un mondial du nickel vient de vendre une participation de 8 % dans son capital à l'un des plus importants négociants mondiaux de métaux, Trafigura Beher. Ce groupe, dont le siège social se trouve en Suisse et l'adresse fiscale aux Pays-Bas, a déboursé 3,5 milliards de dollars. Il s'agit d'une nouvelle manoeuvre dans la guerre que se livrent depuis plus de deux ans les deux principaux actionnaires de Norilsk détenant chacun 25 % du groupe : Oleg Deripaska, le patron du géant de l'aluminium Rusal, et Vladimir Potanine, à la tête de la société d'investissement Interros Holding. Oleg Deripaska s'est dit outré par l'intrusion de Trafigura Beher. D'abord parce que Rusal n'a pas été consulté sur cette transaction. Surtout, car Trafigura Beher est l'un des principaux concurrents du deuxième grand négociant de matières premières européen Glencore, actionnaire stratégique de Rusal qui détient 8,8 % du géant de l'aluminium. Voilà quelques mois, Norilsk a refusé de sceller un accord de commercialisation avec Glencore, au grand dam de Deripaska.Jusqu'à présent, Oleg Deripaska a refusé de céder sa participation dans le groupe de nickel. La semaine dernière, Rusal a rejeté une offre de Norilsk valorisant sa participation à 12 milliards de dollars. À la fin octobre, Interros avait proposé à Rusal de reprendre sa part dans Norilsk pour 9 milliards de dollars. Deux offres manquant de générosité pour le patron de Rusal qui a mis sur la table 13 milliards de dollars pour ses 25 % dans Norilsk. « Conflit personnel »Cette guerre entre oligarques est suivie avec vigilance par le Kremlin, qui tient à voir le groupe rester sous pavillon russe. Trafigura s'est d'ailleurs engagé à ne pas monter au-dessus de 10 % du capital de Norilsk Nickel et à ne pas revendre ses titres avant le 1er juillet 2011. Analyste chez Renaissance Capital, Rob Edwards, estime que l'opération menée par Trafigura pourrait, in fine, permettre de conclure cette saga. « Grâce à ce deal, Norilsk possède désormais 7,9 milliards de dollars de liquidités », et grâce à l'appui d'autres actionnaires « a désormais les arrières assez solides pour racheter la part de Rusal ». Reste à convaincre son patron qui refuse de vendre à moins de 15 milliards de dollars et prétend encore au rachat... de la part d'Interros. « Le conflit d'affaires s'est transformé en conflit personnel », note Mikhaïl Stiskine, analyste chez Troika Dialog. Mais, compte tenu de l'endettement de Rusal, « si Interros lui fait une offre alléchante, le géant de l'aluminium n'y résistera pas », assure l'expert. Emmanuel Grynszpan, à Moscou
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