Le statut de valeur de rendement des sucriers devient aléatoire

C'est un comble. Le cours du sucre vole de record en record depuis un an, mais les résultats des sucriers européens n'en profitent pas autant qu'on pourrait le penser. Loin de là, même. Et ce, en raison de la réforme du régime sucrier européen, instaurée en juillet 2006, et destinée à mettre un terme à la concurrence déloyale induite par les subventions de Bruxelles. Cette réforme a débouché sur une baisse des prix garantis aux sucriers et, surtout, sur une réduction des quotas d'exportation alloués aux producteurs européens de sucre. Les résultats de ces derniers s'en sont immédiatement ressentis : dès son exercice 2007-2008, la société française Vermandoise de Sucreries avait vu son bénéfice net fondre de 40 %, à 14,6 millions d'euros, Bruxelles lui ayant imposé une réduction de 13,5 % de son quota d'exportation. Le groupe avait alors « jugé préférable de ne pas augmenter (son) dividende ». Un coup dur pour les investisseurs, habitués à la réputation de valeurs de rendement des fabricants européens de sucre. Que les actionnaires de Vermandoise se rassurent, au moins pour un temps : l'exercice 2008-2009 s'est clos (le 30 septembre) sur une stabilité du bénéfice net, la Commission européenne n'ayant pas jugé nécessaire une nouvelle réduction du quota de Vermandoise, en 2008. Aussi, la société, qui a pu enfin profiter à plein du renchérissement du sucre, s'est-elle trouvée cette fois-ci moins gênée aux entournures pour augmenter son dividende de 7 %, à 45 euros. Envolée du bénéfice netD'où un rendement de près de 3 % sur la base du cours de Bourse actuel. Filiale de Vermandoise de Sucreries et cotée elle aussi à Paris, Sucrière de Pithiviers-le-Vieil a également profité de la décision de la Comission européenne de ne pas imposer une nouvelle réduction des quotas. En témoigne l'envolée de 80 % de son bénéfice net, au cours de l'exercice 2008-2009, à 23,8 millions d'euros. Résultat, les actionnaires percevront un dividende de 30 euros par action, leur offrant un sympathique rendement de 4,2 %. Pas étonnant, dans ces conditions, que les cours de Vermandoise et de Sucrière aient rebondi de 58 % et de 47 %, au cours des douze derniers mois. Des performances qui valorisent ces deux entreprises une fois leur actif net. Reste que ces sociétés ne sont pas à l'abri de nouvelles réductions de leurs quotas. Une diversification, tant de leur activité que de leur implantation géographique, serait la bienvenue. Leur grand concurrent allemand, Suedzucker, numéro un du marché européen et dont le rendement boursier se limite désormais à 2,4 %, envisage, lui, de racheter des industries sucrières au Brésil, en Inde, en Russie, et a étendu son savoir-faire aux... pizzas surgelées.
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