Google succombe à la force d'attraction de la Chine

La menace était virtuelle. Eric Schmidt a précisé les intentions de Google en Chine à l'occasion de la publication des résultats annuels du moteur de recherche jeudi soir. Pour le PDG, Google reste « très impliqué en Chine », même si le moteur va prendre des mesures « dans un délai raisonnable » de façon à ne plus censurer son moteur. « Nous aimons le peuple chinois et nos employés là-bas. Nous aimons également les opportunités qu'il y a la-bas en termes d'affaires », a affirmé Eric Schmidt lors d'une conférence téléphonique. Il y a un peu plus d'une semaine, Google avait menacé de se retirer de Chine. En cause, la censure imposée par le gouvernement chinois et une attaque informatique de grande ampleur (lire « La Tribune » du 14 janvier). Finalement, jugeant que la compétition sur le marché de la publicité en ligne est très vive, le PDG estime que les prises de position des acteurs sur le marché chinois vont être déterminantes. Microsoft s'intéresse aussi à la ChineGoogle ne tient donc pas à laisser le champ libre à Microsoft sur un marché si prometteur. La Chine compte seulement 380 millions d'internautes sur 1,3 milliard d'habitants (soit un taux de pénétration de 27 %). Or, pour le moment, le moteur de recherche ne détient que 30 % de part de marché, loin derrière des 60 % de Baidu, le numéro un du marché. Microsoft, qui a relancé l'offensive dans la recherche avec son nouveau moteur Bing, aime aussi la Chine. Son PDG, Steve Ballmer, a affirmé mardi qu'il fallait « respecter les décisions des nations souveraines », ajoutant que la France également oblige les moteurs de recherche à exercer un contrôle sur les contenus, comme les propos nazis par exemple. En revanche, Microsoft informera les internautes que le moteur est filtré.En réaffirmant ses intentions sur la Chine, Eric Schmidt prépare l'avenir. Pour l'heure, Google capte toujours une grande partie du marché de la publicité en ligne au niveau mondial et fait bien mieux que ses concurrents. En 2009, le moteur de recherche a enregistré un chiffre d'affaires en hausse de 9 % à 23,6 milliards de dollars. Aux États-Unis, son principal marché, la publicité en ligne, a reculé de 4,6 % l'an passé, selon eMarketer. Il faut dire que Google vend des liens sponsorisés, ces minipublicités qui apparaissent en haut des pages du moteur de recherche en fonction des mots-clés tapés par les internautes. Vendu aux enchères aux annonceurs qui ne rémunèrent le moteur qu'en fonction des clics effectués par les internautes, ce type de publicité, utilisé pour vendre des produits plutôt que de l'image, a plutôt profité de la crise. 90 % de part de marché en FranceIl n'empêche que Google devient une entreprise mature, avec des positions bien établies dans de nombreux pays. Ainsi, il possède 65 % de parts de marché aux États-Unis dans les liens sponsorisés et 90 % en France. Désormais, le moteur profite surtout de ses activités à l'international, et les taux de croissance faramineux de 2008 (+ 31 %) ou de 2007 (+ 56 %) sont derrière lui. En 2009, le bénéfice net atteint 6,5 milliards de dollars, soit une hausse de 54 %. Certes, le groupe avait déprécié l'année précédente pour 1 milliard de dollars d'actif. Mais l'explosion des résultats s'expliquent d'abord par la stabilisation des charges opérationnelles, alors qu'elles avaient progressé de 32 % en 2008. C'est pourquoi Google cherche aussi des relais de croissance. Outre la Chine, le moteur tente de reproduire dans les bannières de publicité sur Internet classiques (le « display »), le succès qu'il connaît dans les liens sponsorisés. Il avait racheté à cet effet Doubleclick, une plate-forme d'intermédiation entre annonceurs et sites Web. Mais n'a pas encore transformé l'essai.
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