Les Vingt-Sept divisés sur la ligne à suivre en Afrique du Nord

Nous ne sommes plus dans le temps du commentaire mais de l'action », assurait lundi à Bruxelles le ministre des Affaires Européennes Laurent Wauquiez. L'action, certes, mais laquelle ? s'interrogent les observateurs, qui relèvent surtout les discordances entre Européens et leur embarras depuis le début des troubles sur la rive Sud de la Méditerranée. « Nous comprenons que la structure complexe de l'Union européenne (UE) l'empêche de réagir vite à certains développements internationaux. Nous ne lui faisons pas grief, mais... », ironisait mardi à Bruxelles l'ambassadeur russe Vladimir Chizhov. Dimanche dernier, il a fallu que la Haute représentante de l'UE pour la politique étrangère Catherine Ashton réunisse physiquement à Bruxelles vingt-sept ministres pour publier un très bref communiqué condamnant « au nom de l'Union européenne » la répression en Libye.Les Européens soutiennent certes les « peuples du Sud de la Méditerranée et leurs espoirs et aspirations légitimes », mais de là à déployer une vraie politique d'aide à la transition démocratique, il y a un pas. La Commission européenne saupoudre quelques dizaines de millions par an pour « la bonne gouvernance » ou le « respect des droits ». Mais les grands flux financiers sont étroitement liés aux intérêts nationaux et dépourvus de conditionnalité politique. Qu'on se souvienne du pactole de plusieurs milliards d'euros versé fin 2009 par Rome à la Libye pour l'aider à lutter contre l'immigration. Aux Tunisiens, Catherine Ashton a offert une rallonge de... 17 millions d'euros, sur une enveloppe d'aide au développement de moins de 100 millions. En comparaison, les engagements cumulés de l'Agence Française de développement en Tunisie, depuis 1992, dépassent 1,5 milliard.Les Européens désunisCette réalité n'a pas échappé à Catherine Ashton qui s'est tourné vers la Banque européenne d'investissement (BEI) pour donner plus de poids à sa diplomatie. Mais justement, son président Philippe Maystadt rappelait hier, lors d'une conférence de presse à Bruxelles, qu'il ne disposait pas pour l'instant du mandat des Vingt-Sept pour relever le plafond de ses engagements dans la région. Les Européens ont toujours été désunis sur le mandat externe de la Banque, les Allemands, les Néerlandais voulant réserver les ressources à l'UE, les Italiens ou encore les Français regardant vers le Sud, apparemment à la définition très « souple » puisque la BEI vient d'accorder un prêt de 73 millions d'euros au Vietnam « pour contribuer au financement de la construction d'une ligne de métro à Hanoï » !« L'UE est prête à un nouveau partenariat avec la région », a dit lundi le ministre allemand aux Affaires européennes Werner Hoyer, annonçant un plan complet pour mars. Et de préciser : « il faudra une vraie conditionnalité des aides pour l'orienter vers ceux qui se sont engagés sans ambiguité sur le chemin de la démocratie ».(Lire page 15)
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