« La BEI cesse d'être le substitut des banques commerciales »

STRONG>Les crédits déboursés par la Banque Européenne d'Investissement (BEI) ont continué à augmenter en 2010. Est-ce à dire que l'on n'est pas encore entré dans l'après-crise ?En réalité, les déboursements augmentent mais pas les signatures. Avant la crise, nous avions un volume de signatures annuel de 45 à 50 milliards d'euros. On nous a demandé de prêter environ 50 milliards de plus en 2009 et 2010. Nous sommes même allés au-delà avec une augmentation des prêts de 60 milliards, notamment parce qu'en 2009 nous avons joué le rôle de substitut des banques commerciales. Cette page est tournée. L'an dernier, la part des grandes entreprises dans notre portefeuille a commencé à diminuer.Est-ce qu'on observe la même évolution pour les petites et moyennes entreprises ?C'est moins net pour les PME. Il faut encore encourager les banques à prêter aux PME. Le conseil européen nous avait demandé de débloquer 30 milliards pour les PME sur les années 2009 à 2011. Nos lignes de crédit aux banques commerciales pour le financement des PME ont atteint 12 milliards d'euros en 2009 et près de 10 milliards en 2010, contre 4 à 5 milliards avant la crise. Nous sommes plus satisfaits que dans le passé de la manière dont les banques répercutent l'avantage financier de nos prêts. Quelles sont les perspectives pour 2011 ?Nous voulons diminuer progressivement le volume total de nos prêts pour revenir plus près du niveau d'avant la crise. Cependant il y a deux domaines où la BEI restera très active en soutien à la politique européenne. D'abord notre contribution à la stratégie EU 2010 et à chacun de ses trois piliers : croissance intelligente, soutenable et inclusive. Nous travaillons par ailleurs avec la Commission sur de nouveaux instruments conjoints pour l'après 2014, comme par exemple les project bonds, lesquels ne sont pas, je le rappelle, des obligations publiques mais des emprunts émis par des entités privées que nous aidons à améliorer leur notation, donc leur accès au marché. L'autre domaine qui figure au sommet de nos priorités, c'est la lutte contre le changement climatique. Nous avons accordé en 2010 pour un montant record de plus de 7 milliards d'euros dans les énergies renouvelables et l'efficacité énergétique qui recèle un important potentiel de croissance. La transition vers les règles de Bâle 3 vous pose-t-elle problème ?Nous avons un ratio de capital, selon Bâle 3, de 27%. Effectivement, de ce point de vue, notre situation est excellente. Cela dit, le passage à Bâle 3 demande énormément de travail. Il y a des sujets délicats, comme par exemple le ratio de liquidité. L'hypothèse selon laquelle le client doit être en mesure de disposer de 100 % d'un engagement sous un mois ne correspond pas à nos contrats de prêts, particulièrement pour les grands projets d'infrastructure où le déboursement s'étale sur des années, au fur et à mesure de l'avancement. Nous suivons donc de près les travaux en cours du comité de Bâle.Philippe Maystadt Président de la Banque Européenne d'Investissement
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