Les tensions géopolitiques enrayent la dynamique haussière des indices

Hier l'Égypte et la Tunisie. Aujourd'hui le Yémen et surtout la Libye... S'il y a encore quelques semaines, l'instabilité politique naissante dans certains pays du Maghreb n'avait eu que peu d'impact sur les indices boursiers mondiaux, les investisseurs commencent maintenant à s'en inquiéter. Palpables dès lundi, les craintes face à la montée du risque géopolitique se sont confirmées mardi à l'occasion de la ré-ouverture de Wall Street, fermé la veille pour cause de President's Day. En deux jours, le CAC 40 a cédé 2,59 %, l'Ibex 3,33 % et l'Euro Stoxx 50 2,77 %. L'agitation politique actuelle au Moyen-Orient mérite, néanmoins, d'être relativisée. D'abord parce que reflux des indices boursiers résulte en grande partie de prises de bénéfices après un démarrage boursier en fanfare de l'année 2011 de part et d'autre de l'Atlantique. Même si comme l'observe Jean-Louis Mourier, économiste chez Aurel-BGC : « Le rally constaté depuis décembre a davantage été motivé par un recul de l'aversion au risque que par une reprise d'ordre fondamental ».meilleurs amortisseursDe son côté, François Chevallier, stratégiste chez Banque Leonardo souligne que « le mouvement de « flight to quality » (Fuite vers la qualité, Ndlr), traditionnellement constaté dans ce genre de contexte, à savoir un repli des investisseurs vers des valeurs refuge comme l'or ou les emprunts d'État, reste modéré ». Ce dernier note que le contexte économique est différent de celui constaté en 2003 lors de la guerre en Irak et surtout de la guerre du Golfe au début des années 1990. « Il y a aujourd'hui des amortisseurs beaucoup plus solides qu'à l'époque. Le climat des affaires est excellent, les économies occidentales ont effacé la crise, les pays émergents restent un moteur de croissance et les marchés d'actions sont faiblement valorisés », explique l'expert. « L'emballement de la situation dans les pays du Golfe accentue le risque, déjà présent, de voir les prix des matières premières grimper », nuance Jean-Louis Mourier. Et d'ajouter : « Cela constitue un facteur de pression supplémentaire sur les coûts de production des entreprises, qui parvenaient jusque-là à répercuter la hausse de leur facture d'approvisionnement sur les prix des ventes mais qui auront sans doute plus de mal à absorber une hausse supplémentaire ». Derrière la composante géopolitique, c'est la flambée des cours de l'or noir et ses conséquences sur des économies occidentales toujours fragiles, qui préoccupent les investisseurs. « Au-delà de 100 dollars le baril, la facture pétrolière devient un fardeau pour l'économie mondiale, qui pourrait entrer en récession », prophétise Arnaud Poutier, directeur général adjoint chez IG Market. À condition évidemment que les prix du pétrole se maintiennent à des niveaux aussi élevés sur longue période.
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