Gros retards à l'allumage pour les comités stratégiques de filières

Lancés dans la foulée des états généraux de l'industrie (EGI) au printemps 2010, les onze comités stratégiques de filières - chargés de restructurer les filières industrielles françaises - ainsi que les quatre comités transversaux suscitent moins d'enthousiasme qu'au cours des premiers mois. À quelques jours de la semaine de l'industrie qui se déroulera du 4 au 11 avril, les critiques fusent, même parmi les participants à ces comités.Certains regrettent la complexité et l'ambition démesurées des feuilles de routes établies au ministère de l'Industrie. « Une nouvelle fois, on tente de réinventer le monde. C'est en passe de devenir une spécialité française. Pendant que l'on débattait lors du Grenelle de l'Environnement, nos voisins allemands fabriquaient des panneaux solaires », observe un participant actif au sein de plusieurs filières technologiques. « Aux participants de la filière Technologies et services de l'information et de la communication [TSI], on demande notamment de créer des indicateurs mesurant l'impact du numérique sur l'économie. Est-ce aux entreprises, aux universitaires, aux organisations patronales, aux syndicats qui participent à ce comité d'y réfléchir ? Par ailleurs, bon courage à ceux chargés de proposer des solutions cohérentes dans les filières transversales Bilan et prospective, Emploi, compétences et formation, Recherche et innovation, Règlementation et simplification », poursuit une organisation patronale.Le fonctionnement de certaines filières est aussi mis à l'index. « On oublie les fondamentaux. Les entreprises qui sont en contact direct avec les consommateurs doivent être les chefs de files de ces comités, pas leurs sous-traitants. Par exemple, les distributeurs devraient davantage guider les réflexions au sein du comité de l'agroalimentaire et de l'agro-industrie. Sinon, on risque de se lancer dans des directions intéressantes d'un point de vue intellectuel, mais totalement inefficaces sur le plan économique », martèle Jean-Claude Volot, le médiateur national des relations inter-entreprises qui regrette aussi l'absence voulue des entreprises étrangères implantées en France dans ces comités. « Ce sont pourtant des acteurs majeurs de notre économie. Projets structurantsComment peut-on se passer de Siemens qui emploie 4.000 personnes dans le secteur ferroviaire ? Comment se passer de Boeing qui, lui, a fait appel à 44 sous-traitants français pour concevoir le 787 ? », s'interroge-t-il. À ces défauts de jeunesse s'ajoutent les incompatibilités des agendas ministériels. « C'est aux ministres de tutelle de lancer officiellement ces comités. Or, on a eu du mal à les réunir. Le récent remaniement n'a pas arrangé les choses. On a pris du retard », explique-t-on à la Conférence nationale de l'industrie (CNI) qui chapeaute ces comités. « Les états généraux avaient suscité tellement d'espoir que l'on peut comprendre l'impatience de certains. Mais il faut bien comprendre que ce sont des projets structurants, donc très lourds que nous mettons en place. Il nous a fallu du temps pour dresser la liste des priorités, de court terme mais également de long terme, pour que ces filières favorisent l'émergence des champions de demain », explique Pierre Gattaz, membre du bureau de la CNI. Fabien Piliu
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