Les syndicats peinent à transformer le vote sanction en mobilisations

Les syndicats, combien de divisions ? Les cinq organisations syndicales (CGT, CFDT, Unsa, Solidaires, FSU), qui appellent à mobiliser ce mardi, le savent. Elles n'échapperont pas à la comparaison avec les manifestations du début de l'année 2009. Or, celle-ci risque de s'avérer cruelle. Divisés, les syndicats ne devraient pas parvenir à drainer dans la rue plusieurs millions de personnes, comme ils l'avaient fait contre la politique gouvernementale les 29 janvier et 19 mars 2009.En lançant un appel à la mobilisation deux jours seulement après les élections régionales, l'intersyndicale a, en effet, pris le risque d'être inaudible. « Ces dernières semaines, les gens ont beaucoup parlé des questions sociales. Mais d'un point de vue politique. Pas sous l'angle de la journée d'action », reconnaît Jean Grosset, de l'Unsa. Autre frein, les Français ayant largement exprimé leur mécontentement à l'égard de la politique gouvernementale dans les urnes dimanche, nombre d'entre eux estiment qu'il n'est pas nécessaire de répéter le message ce mardi dans la rue. « Je ne suis pas sûr que les salariés soient prêts à faire grève et à perdre une journée de salaire pour lancer un nouveau message », souligne Jean-Pierre Basilien, directeur de projet au sein de l'association Entreprise&Personnel. « Le deuxième tour politique a été assez fort pour qu'il n'y ait pas de troisième tour social », renchérit Bernard Vivier, directeur de l'Institut supérieur du travail (IST).Avenir imprévisibleEnfin, en se divisant et en peinant à définir un mot d'ordre précis et concret, les syndicats ont aussi amoindri leurs chances de succès. Alors que la CFTC et la CGC ne s'associent pas à l'appel à mobilisation, Force ouvrière fait cavalier seul. À Paris, l'organisation de Jean-Claude Mailly défilera ce matin des Invalides à Denfert-Rochereau quand le cortège de l'intersyndicale se formera l'après-midi entre République et Nation. Les revendications sont aussi imprécises : « emploi, salaires, fonction publique » pour les cinq organisations, « retraites » uniquement pour FO. Résultat, chaque section locale, sectorielle ou de grande entreprise mobilise autour de mots d'ordre liés à son propre climat social, ce qui rend difficile l'agrégation dans un vaste mouvement collectif.Pour autant, le résultat de la mobilisation d'aujourd'hui n'augure pas de la suite. Dans la fonction publique, la tension est forte. Et le taux de grévistes, tout particulièrement dans l'enseignement, sera un élément déterminant du degré de mécontentement à l'égard des suppressions de postes. Si le gouvernement commet des maladresses dans la gestion de la réforme des retraites, il pourrait réunir dans un même mouvement d'opposition le public et le privé. Pour préparer cette échéance, l'intersyndicale a déjà prévu de se retrouver le 30 mars. Certains rêvent d'un 1er mai revendicatif, porté par le démarrage de la réforme des retraites et la probable déception qui suivra le sommet social prévu à l'Élysée en avril. Mais il leur faudra alors être capables de présenter un front uni. Complexe... Agnès Laurent
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