Shell tente à nouveau de céder sa filiale française Butagaz

Shell va-t-il réussir, cette fois, à vendre sa filiale française Butagaz, spécialiste des bouteilles de gaz ? Le pétrolier anglo-néerlandais, qui avait renoncé à s'en séparer en 2005, faute d'offres intéressantes, retente sa chance. Selon nos informations, les candidats intéressés, qui avaient jusqu'au 22 mars pour remettre leurs premières offres, sont principalement des fonds d'investissements. Axa Private Equity, Carlyle (à travers son fonds « énergie »), CVC et le fonds français PAI Partners sont sur les rangs. Eurazeo et l'américain Bain Capital, qui ont regardé le dossier valorisé entre 700 millions et 1 milliard d'euros, se sont finalement retirés de la course. Ces protagonistes avaient déjà tous, à l'exception d'Axa Private Equity, été candidats au rachat de Butagaz à l'été 2005. Eurazeo, par exemple, s'était allié à Blackstone, tandis que PAI avait fait une offre commune avec Bain Capital. problèmes de concurrenceLes industriels semblent moins tentés par Butagaz. Les grands acteurs en France ne peuvent pas se lancer pour des problèmes de concurrence. Seul Vitogaz, filiale de l'opérateur Rubis, qui détient environ 3 % du marché, pourrait se le permettre. « Ils ont les moyens et cette opération correspondrait à leur stratégie opportuniste », affirme un industriel. Le groupe n'a pas souhaité commenter. Tout le monde a en tête la plus-value de 25 % réalisée en trois ans par PAI avec Antargaz, un des concurrents de Butagaz. En 2001, PAI avait repris à Elf 68 % d'Antargaz, pour une valeur d'entreprise de 520 millions d'euros. En 2004, le fonds de BNP Paribas a revendu sa part à l'américain UGI, sur une base de 650 millions d'euros. Mais un an après, l'offensive annoncée de la grande distribution dans les bouteilles de gaz a refroidi les candidats au rachat de Butagaz. Dommage pour le pétrolier car, depuis, la rentabilité de sa filiale a été divisée par deux, avec un excédent brut d'exploitation estimé à 120 millions d'euros en 2009, contre 250 millions en 2005. Shell a néanmoins continué à préparer cette cession. Ainsi, pour diminuer le risque d'amende, Butagaz a fait des révélations dans le cadre d'une enquête pour entente menée sur ce marché par l'Autorité de la concurrence (voir « La Tribune » du 21 août 2009).Entre-temps, l'alerte grande distribution est passée. Toutes les grandes enseignes d'hypers et de supermarchés distribuent effectivement des bouteilles de gaz, mais elles se contentent ? sauf Leclerc ? de mettre à leurs couleurs les bonbonnes des fabricants traditionnels. Antargaz fournit Carrefour, Vitogaz livre Casino, Intermarché ou Cora, et Primagaz est en train de s'installer chez Système U. Les fabricants n'ont donc pas subi les pertes de volumes redoutées même s'ils ont dû rogner sur leurs marges. Au contraire, Butagaz s'en sort bien puisque, fort de sa place de leader du marché français, il a réussi à se tenir à l'écart en ne fournissant aucune enseigne. Un avantage non négligeable dans ce marché très captif, où le système de consigne rend très difficile la conquête de nouveaux clients.
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