Le Royaume-Uni entame

Il n'y aura ni demi-tour, ni cagnotte surprise. Après l'avoir annoncé à grand renfort de publicité l'an dernier, le Royaume-Uni entame réellement son programme d'austérité, les coupes budgétaires entrant en vigueur avec le début de l'année fiscale en avril. George Osborne, le chancelier de l'Échiquier britannique, va le confirmer lors de la présentation de son budget annuel ce mercredi. Plus qu'un tour de vis, il s'apprête à annoncer des coupes dans les dépenses publiques dépassant celles réalisées dans les années 1980 par Margaret Thatcher. Le gouvernement du Premier ministre David Cameron refuse toutefois d'endosser l'idéologie de la Dame de fer, défendant le maintien des services publics (santé...) et la recherche d'équité dans ses mesures. L'objectif est de réduire le déficit de 10 % du PIB cette année (2010-2011) à 7,5 % dès l'année prochaine, et à 2,1 % d'ici à 2014-2015. Seules l'Irlande et l'Islande ont des objectifs plus ambitieux, avec une différence majeure, ces deux pays n'ont guère le choix au regard de la situation catastrophique de leurs finances.En temps normal, le défi se révèle déjà énorme. Mais la mission apparaît compliquée sinon impossible avec le soudain ralentissement de la croissance économique. Le PIB a reculé de 0,6 % au quatrième trimestre 2010. Si cette mauvaise performance a été mise sur le compte des chutes de neige de décembre, le chiffre n'intègre pas la récente hausse du prix du pétrole et le séisme japonais. « Le gouvernement aurait pu utiliser cela comme excuse pour ralentir ses coupes, mais il n'en a visiblement pas l'intention », s'inquiète Chris Williamson, économiste à Markit.La situation est d'autant plus compliquée que l'inflation, désormais à 4,4 %, met sous pression la Banque d'Angleterre. Celle-ci soutient la croissance avec un taux d'intérêt directeur à seulement 0,5 %, mais elle pourrait devoir se résoudre à le relever prochainement (voir ci-contre).S'il n'y aura pas de cadeau fiscal, David Cameron, le Premier ministre, annonce pourtant que son budget sera le plus « probusiness depuis une génération ». Son pari est que le secteur privé viendra se substituer progressivement à l'État si les conditions sont bonnes. Mais il est risqué avec un taux de chômage, qui est au plus haut depuis dix-sept ans. Or, selon les experts de la banque HSBC, un demi-million d'emplois publics vont être supprimés d'ici à 2015. Les remplacer sera difficile.Faute d'argent, les annonces de ce budget porteront essentiellement sur des réformes réglementaires, censées libérer les entreprises sans rien coûter au contribuable. L'obtention des permis de construire doit être simplifiée. Le poids administratif sur les entreprises de moins de 10 employés doit aussi être réduit. En particulier, les règles d'audit doivent être allégées, et toute nouvelle régulation sera gelée pour trois ans pour ces petites PME. Une dizaine de « zones franches » devraient être créées, notamment dans le nord de l'Angleterre. Le seul cadeau devrait concerner le prix de l'essence. L'idée d'un « stabilisateur fiscal » est à l'étude, réduisant les taxes quand le prix du pétrole augmente trop. Les ménages, dont le revenu disponible a reculé deux années consécutives, devraient apprécier, mais cela ne changera pas fondamentalement leur situation.
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