Les pressions sur l'euro s'intensifient

Dans un monde en voie de cicatrisation, après son plus grave accident économique et financier des temps modernes, chacun cherche désespérément à bénéficier d'une monnaie faible pour en tirer un regain de compétitivité sur un marché international en peau de chagrin. C'est la raison pour laquelle les Britanniques regardent filer la livre sterling sans sourciller, même si depuis ses pics de 2007, elle s'est déjà davantage dévalorisée qu'après son expulsion du mécanisme de change du Système monétaire européen en 1992, cédant près de 30 % de sa valeur face au dollar et à l'euro. C'est aussi la raison pour laquelle personne ne se plaint, de ce côté-ci de la Manche, de l'accès de faiblesse de l'euro, retombé lundi en dessous de 1,35 dollar, même s'il trouve ses racines dans la crise la plus grave traversée par la zone euro depuis sa création, par dette grecque interposée. Tant que la dérive de l'euro ne se transforme pas en déroute, nombreux sont même ceux qui se félicitent de la correction d'une surévaluation manifeste, qui l'avait entraîné à la fin du mois de novembre dernier au dessus de 1,51 dollar. déroute potentiellePour l'heure, la monnaie unique des Seize s'est contentée de refluer jusqu'à 1,3465, les acteurs du marché des changes n'osant pas encore s'attaquer au seuil de 1,3435, qui constitue le point bas de dix mois face au billet vert atteint le 18 février dernier. Pourtant, les Cassandre ne manquent pas d'évoquer cette déroute potentielle. Et ce, quelle que soit l'issue du sommet des chefs d'Etat et de gouvernement de L'Union européenne des 25 et 26 mars. C'est ainsi que le stratège changes de Standard Bank à Londres, Steve Barrow, annonce que l'euro est « au bord du précipice » et qu'il s'apprête à tomber comme une pierre jusqu'à 1,25 dollar, même si l'Europe parvient à mettre sur pied un plan de sauvetage de la Grèce. Pure fiction ? Ce niveau correspond en tous cas au point bas atteint par l'euro il y a tout juste un an, après la grande phase de reprise du dollar amorcée dans la foulée de la faillite de Lehman Brothers, qui avait ouvert une phase aiguë d'aversion au risque. Une chose est sûre : tant que les incertitudes pèseront sur la Grèce, les vendeurs d'euros resteront l'arme au pied et dès qu'ils auront réussi à perçer le seuil de résistance de 1,3435 dollar, ils s'engouffreront dans la brèche. Or, le temps ne semble pas jouer en faveur de la Grèce. Après Angela Merkel, la Chancelière allemande qui déclarait dimanche qu'il ne fallait pas «vendre d'illusions aux marchés», en créant des anticipations d'aide à la Grèce, c'était au tour du président de l'Eurogroupe de semer le trouble lundi. Bien qu'il ait affirmé en préalable qu'il n'était pas question de laisser tomber la Grèce, Jean-Claude Juncker a admis qu'il «n'était absolument pas nécessaire» qu'une décision sur une aide soit prise dès cette semaine. n Tant que les incertitudes pèseront sur la Grèce, les vendeurs d'euros resteront l'arme au pied.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.