Le blues des directeurs financiers

« Nous sommes le pays le plus pessimiste du monde », constatait Louis Gallois, la semaine dernière, lors de la conférence annuelle de l\'Afic (Association française des investisseurs pour la croissance). L\'enquête publiée ce lundi par Deloitte fait écho aux propos du commissaire général à l\'investissement : 57% des directeurs financiers de grandes entreprises françaises interrogés par le cabinet de conseil en stratégie s\'avouent plus pessimistes encore qu\'il y a six mois, au sujet des perspectives économiques de la France.L\'industrie broie du noirCette proportion grimpe à 90% dans l\'industrie, un secteur qui a perdu 122.000 postes depuis le début de la crise économique, en 2009. Mais les « DAF » (directeurs administratifs et financiers) du secteur de la finance ne sont pas en reste, 70% d\'entre eux se déclarant moins optimistes qu\'ils ne l\'étaient six mois plus tôt. Ce ratio était de 30% seulement en septembre. « Les dates d\'entrée en vigueur des nouvelles réglementations bancaires, à commencer par Bâle III [une norme relative au renforcement des fonds propres des banques ; Ndlr], ne cessent de changer. Ce qui rend encore plus compliqué l\'adaptation des banques à cette nouvelle donne réglementaire », analyse Valérie Flament, associée chez Deloitte.« Cash is king »Conséquence de ce pessimisme grandissant, les directeurs financiers serrent la vis comme jamais. Au diable les fusions et acquisitions, les augmentations de dividendes ou les rachats d\'actions! Ces largesses sont bonnes pour les périodes fastes. Aujourd\'hui, en pleine récession, 68% des DAF de France ont pour priorité stratégique les réductions de coûts. Et, du côté du bilan, leur nouveau mantra est « cash is king. » « Les contraintes de financement des entreprises ont développé une véritable culture du cash au sein de leurs directions financières. Lesquelles recherchent toutes les sources de trésorerie « cachées », en travaillant sur l\'optimisation du besoin en fonds de roulement », précise Katia Ruet, directeur chez Deloitte.Trouver de nouvelles sources de financementSi les DAF font ainsi la chasse aux liquidités, c\'est parce que près de la moitié d\'entre eux (49%) n\'observent pas de détente en matière d\'accès au crédit bancaire. Ce qui les conduits à étudier de nouvelles solutions de financement, comme l\'émission d\'obligations et les placements privés auprès d\'investisseurs institutionnels. Pour lever de l\'argent, « les directeurs financiers se tournent de plus en plus vers les sociétés de capital-investissement et les hedge funds (fonds spéculatifs), ceux-ci n\'étant pas soumis à la future réglementation de Bâle III [qui obligera les banques à détenir davantage de fonds propres en face de leurs engagements jugés risqués ; Ndlr] », explicite Katia Ruet.Autant d\'évolutions qui rendent moins simple que jamais leur métier. A tel point que 57% des DAF français peinent à recruter les compétences dont ils ont besoin, selon une récente enquête réalisée par le cabinet de recrutement Robert Half. Enfin une bonne nouvelle, dans la profession... 
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