Armement : les Etats-Unis inondent le marché au Moyen Orient

Les Américains ne font pas les choses à moitié. Plus agressifs sur les marchés à l\'export, pour atténuer les baisses du budget du Pentagone, les Etats-Unis s\'apprêtent à conclure d\'importants contrats d\'armement, d\'une valeur totale de 10 milliards de dollars, avec Israël, les Emirats arabes unis et l\'Arabie saoudite, trois alliés de Washington face à l\'Iran, ont annoncé des responsables de la défense. Par son caractère inhabituel, cette annonce concernant trois pays, faite vendredi par ces responsables américains s\'exprimant sous couvert de l\'anonymat, apparaît comme un signal envoyé à Téhéran que les alliés de Washington renforcent leurs moyens militaires.Le projet de contrat avec Israël concerne des missiles anti-radar utilisés pour éliminer les défenses anti-aériennes, de nouveaux radars pour les chasseurs israéliens, des avions de ravitaillement en vol KC-135 et des V-22 Osprey, des appareils mi-avion mi-hélicoptère, ont détaillé ces responsables devant des journalistes. Cette vente \"non seulement maintient mais renforce l\'avantage militaire qualitatif d\'Israël\" par rapport aux autres pays de la région, selon l\'un d\'eux. La loi américaine prévoit que les Etats-Unis fournissent une assistance militaire, actuellement de trois milliards de dollars annuels, qui assure à l\'Etat hébreu la suprématie militaire dans la région. Le renforcement des capacités de frappes aériennes et de ravitaillement en vol de l\'Etat hébreu vient à point nommé pour Israël, qui menace depuis plusieurs mois de s\'attaquer au programme nucléaire iranien.Des F-16 aux Emirats arabes UnisAux Emirats, les Etats-Unis s\'apprêtent à vendre pour près de 5 milliards de dollars 26 chasseurs-bombardiers F-16 ainsi que des missiles sol-air, dont le modèle n\'a pas été précisé. Cette vente menace-t-elle une éventuelle acquisition de Rafale par Abu Dhabi ? Pas sûr. Les Emiratis, qui gardent les Mirage 2000-9 ont toujours souhaité avoir une double source d\'approvisionnement en matière d\'aviation de combat. A suivre donc.L\'Arabie saoudite, qui avait conclu fin 2010 le plus gros contrat d\'armement jamais enregistré par Washington, d\'une valeur de 60 milliards de dollars et comprenant 84 avions F-15, devrait acheter les mêmes missiles air-sol que les Emirats. L\'annonce de ces projets de ventes d\'armes intervient à la veille du départ du secrétaire américain à la Défense Chuck Hagel pour une tournée dans la région qui le mènera dans ces trois pays ainsi qu\'en Egypte et en Jordanie. Selon l\'un des responsables de la défense, \"c\'est l\'une des ventes d\'armes les plus complexes et organisées avec le plus de précautions de l\'histoire américaine\".Un contrat justifié par la menace iranienneLe secrétaire américain à la Défense Chuck Hagel, en visite en Israël, a affirmé dimanche que la prochaine conclusion d\'un énorme contrat de vente d\'armes avec l\'Etat hébreu envoyait un \"signal très clair\" à Téhéran afin de l\'empêcher de se doter de l\'arme nucléaire. Chuck Hagel s\'est exprimé juste avant d\'atterrir à Tel-Aviv au début d\'une tournée régionale de six jours, largement consacrée à la crise nucléaire iranienne et à la guerre civile en Syrie. Interrogé par des journalistes pour savoir si ce contrat d\'armement de plusieurs milliards de dollars avec Israël, qui détient illégalement  l\'arme nucléaire, visait à montrer à Téhéran que l\'option militaire était toujours sur la table, il a répondu : \"Il ne fait pas de doute que c\'est un autre signal très clair pour l\'Iran\". Les puissances occidentales et Israël soupçonnent l\'Iran, malgré ses démentis, de chercher à développer la bombe atomique.La tournée de Chuck Hagel au Moyen-Orient, la première depuis son arrivée au Pentagone il y a deux mois, devrait permettre de finaliser la vente, pour un montant global de dix milliards de dollars, de missiles et d\'avions à Israël, aux Emirats arabes unis et à l\'Arabie saoudite. Toutefois, selon des sources américaines, les armes pourraient ne pas être livrées avant des mois, voire plus.Des différences entre Israël et les Etats-Unis sur l\'IranAu sujet de l\'Iran, les dirigeants américains et israéliens ont néanmoins fait entendre des dissonances. Le président Barack Obama veut donner davantage de temps à la diplomatie et aux sanctions, tandis qu\'Israël, seule puissance nucléaire régionale, a multiplié les menaces d\'opération militaire préventive. \"Israël et les Etats-Unis voient la menace iranienne exactement de la même façon. C\'est quand on se penche dans le détail du calendrier, si et à quel moment l\'Iran décide de fabriquer une arme nucléaire, qu\'il peut y avoir quelques divergences\", a admis Chuck Hagel. \"Mais je crois que les éléments recueillis par nos services sont assez proches de ceux collectés par d\'autres agences de renseignement\", a ajouté le chef du Pentagone.Chuck Hagel n\'a pas souhaité commenter l\'hypothèse d\'une intervention solitaire israélienne, se contentant de rappeler qu\'Israël est une nation souveraine qui a \"le droit de se défendre et se protéger\". Il a demandé à nouveau un peu de patience avant de voir si les sanctions et la diplomatie permettraient de convaincre l\'Iran de changer de cap. \"Je crois que notre stratégie est la bonne\", a-t-il insisté tout en estimant qu\'Israël a le \"droit d\'avoir sa propre évaluation\". Chuck Hagel, qui s\'était vu reprocher, avant sa nomination, son manque de fermeté envers l\'Iran et de soutien envers l\'Etat hébreu, est le troisième haut dirigeant américain à se rendre en Israël en un mois.
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