François Fillon ne livrera pas Eric Woerth aux « chiens »

L'ombre de Pierre Bérégovoy, Premier ministre socialiste, qui s'était suicidé le 1er mai 1993 après une polémique sur un prêt immobilier, a plané sur la séance des questions d'actualité mardi à l'Assemblée nationale. François Fillon en personne a porté le fer contre la gauche, qui réclamait des explications à Eric Woerth, mis en cause avec son épouse Florence dans l'affaire Bettencourt. « Depuis le début de ma vie publique, je me suis interdit de hurler avec les loups [...]. Je n'ai jamais accepté de jeter aux chiens l'honneur d'un homme », lance le Premier ministre, reprenant les mots de François Mitterrand lors des obsèques de Pierre Bérégovoy. Dans une ambiance électrique, le chef du gouvernement a souligné qu'Eric Woerth est « un homme intègre qui n'a commis aucune faute ». Il a « toute ma confiance », a-t-il insisté. A son tour, le ministre du Travail a dénoncé devant les députés une attaque « immonde » et « ignoble ». Avant, lui aussi, d'invoquer la mémoire de Pierre Bérégovoy. Les époux Woerth et Liliane Bettencourt avaient vainement tenté d'éteindre l'incendie lundi en annonçant tout d'abord la démission de Florence Woerth de la société qui gère une partie de la fortune de la milliardaire, puis la fiscalisation des avoirs détenus à l'étranger par l'héritière de L'Oréalcute;al. Mais la polémique ne s'est pas apaisée. Bien au contraire. Tout d'abord, Florence Woerth va porter plainte contre l'eurodéputée écologiste Eva Joly, qui avait estimé qu'Eric Woerth, qui porte la réforme des retraites, « marqueur » du quinquennat de Nicolas Sarkozy, devait quitter le gouvernement. L'UMP Jean-François Copé a par ailleurs estimé que le socialiste Arnaud Montebourg était « le seul de son camp à vomir sur Eric Woerth ». suites judiciairesMais le député Vert Noël Mamère a évoqué « une possible affaire d'Etat ». Le porte-parole du groupe socialiste de l'Assemblée, Alain Vidalies, a parlé de possibles suites judiciaires. Des élus villepinistes se sont montrés tout aussi sévères. « Beaucoup de gens de la majorité présidentielle nous rejoignent parce qu'ils considèrent que les règles de la morale ne sont plus respectées », a dit Jean-Pierre Grand. Les Français « assistent à un mauvais spectacle de l'équipe de France » de football, « mais ils assistent à un spectacle au moins aussi mauvais de l'équipe gouvernementale », a assené ce fidèle de l'ancien Premier ministre, qui veut constituer une alternative à Nicolas Sarkozy en 2012. Le député Nouveau Centre François Sauvadet a apporté son soutien à Eric Woerth, tout en jugeant que la question du conflit d'intérêts « se pose ».Le climat politique s'est singulièrement alourdi depuis quelques semaines, avec la multiplication d'incidents concernant des membres de la majorité ou du gouvernement, de la double rémunération de Christine Boutin aux logements de fonction de Fadela Amara et Christian Estrosi, en passant par l'affaire des 12.000 euros de cigares de Christian Blanc. Et le désastre des Bleus en Afrique du sud ajoute au mal-être français. « Tout ça, c'est bon pour le Front national », s'inquiète le socialiste François Hollande.
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