Que peut faire Montebourg face au casse-tête d'Aulnay ?

Au-delà des petites phrases et des effets de manches médiatiques, que peut réellement faire Arnaud Montebourg, le ministre du redressement productif, sur le dossier PSA en général et le site d\'Aulnay en particulier ? Pas grand-chose en réalité, du moins à très court terme... Ce qui risque de poser quelques problèmes à Arnaud Montebourg qui pourrait bien parvenir à se mettre à dos tant les dirigeants de l\'entreprise... que ses salariés, alors qu\'un comité central d\'entreprise est convoqué mercredi 25 juillet au siège de PSA et que Thierry Peugeot, président du conseil de surveillance de PSA, sera reçu jeudi26 par le ministre. \"Il ne faut se faire aucune illusion, le site PSA à Aulnay, c\'est foutu\" estime amèrement ce proche du dossier - extérieur à l\'entreprise. \" On a perdu deux ans pour commencer à travailler sur les reclassements des 3.300 salariés et la revitalisation du site, alors que la production était déjà en baisse. C\'est toujours comme ça en France, il n\'y a jamais moyen de mener une concertation entre patronat et syndicats, comme cela se fait dans les pays scandinaves, faute de confiance entre les parties. Or, depuis que la CGT a révélé il y a deux ans une note interne à l\'entreprise évoquant la fermeture d\'Aulnay en 2014, on savait très bien comment cela allait finir. J\'insiste, quel temps perdu. Quant à Arnaud Montebourg, je lui souhaite bien du plaisir pour parvenir à quelque chose de tangible à court terme\".Scénario 1: Montebourg bloque le plan de restructurationTrois voies s\'offrent alors au ministre du Redressement productif. La première, coercitive, consisterait à bloquer le plan de redressement de Peugeot et de s\'opposer aux 8.000 suppressions de postes programmées dans l\'ensemble du groupe. Une sorte de contre-pied martial, plus de 10 ans après, au fameux  \"l\'Etat ne peut pas tout\"  lancé par Lionel Jospin face au plan social chez Michelin. Pour contrer les décisions des dirigeants de PSA, Arnaud Montebourg pourrait alors utiliser différentes armes à la disposition de l\'Etat : gel des aides publiques, retour sur un certain nombre d\'exonérations de cotisations sociales, durcissement dans l\'accès au crédit d\'impôt recherche... Pour notre source proche du dossier, \"cette option paraît maintenant impensable. Certes, Montebourg se taillerait un franc succès auprès des salariés de PSA et de Jean-Paul Mercier, le délégué syndical CGT d\'Aulnay. Mais c\'est trop tard, le mal est fait. PSA consomme 200 millions de cash par mois. A ce train là, l\'entreprise ne tiendra pas, ce devrait être l\'une des conclusions du rapport commandé par le ministre à Emmanuel Sartorius. Il ne s\'agit donc plus de licenciements boursiers. Le groupe, qui a commis d\'indéniables erreurs stratégiques, est confronté à de réelles difficultés structurelles\".Scénario 2: Montebourg met le paquet sur la revitalisation du site d\'AulnayDeuxième option, nettement plus réaliste à ce stade. L\'Etat met le paquet sur la revitalisation du site d\'Aulnay pour préparer l\'avenir. Arnaud Montebourg compte lancer une grande concertation sur la filière automobile. Dans ce cadre, il n\'est pas exclu qu\'il soit demandé à des équipementiers de venir s\'installer sur le site d\'Aulnay pour y maintenir une activité industrielle. Mais, selon notre expert, il n\'est pas impensable non plus que l\'Etat \"presse\" d\'autres entreprises, dont il est plus ou moins actionnaire, de venir investir le site. \"Safran, France Telecom, voire la SNCF pourraient, par exemple, être sollicitées \".Scénario 3: Montebourg parvient à baisser le nombre de postes menacés dans le groupe mais Aulnay ferme tout de mêmeLa troisième voie consisterait, en quelque sorte, à mixer les deux premières : sans s\'opposer réellement au plan de restructuration envisagé par PSA, Arnaud Montebourg obtient tout de même une légère baisse des effectifs concernés (quelques centaines, voire un millier). En revanche, il fixe à Peugeot une exigence de qualité sur le plan de revitalisation à moyen terme du site d\'Aulnay. Ce que confirme notre expert : \"Je crois à ce scénario. A force de faire des moulinets, Montebourg va avoir besoin de remporter une petite victoire sur le court terme. Ce sera le cas si PSA renonce finalement à supprimer quelques centaines de postes. Sur ce point, il y a sans doute quelque chose à faire sur le site de Rennes où 1.400 emplois sur 5.600 sont menacés. Si des accords débouchent avec General Motors pour produire un nouveau véhicule, le nombre de poste supprimés pourrait être abaissé. Mais le vrai enjeu, c\'est la revitalisation d\'Aulnay. C\'est là-dessus que Montebourg va se battre. Et n\'oubliez pas qu\'il va recevoir l\'appui de Claude Bartolone, le président de l\'Assemblée nationale, ancien patron de la Seine Saint-Denis, et très attaché à son département ».Certes, mais revitaliser un site prend du temps et exige un très ambitieux plan de formation des salariés pour assurer (et réussir)  leur reconversion vers d\'autres métiers. La question reste posée: pourquoi le mouvement n\'a t-il pas été lancé à Aulnay il y a deux ou trois ans? 
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