Comment éviter que passer son permis ne soit un luxe dans la jungle des auto-écoles

Obtenir son permis de conduire peut coûter du simple au double en France, selon le lieu de résidence et l\'auto-école. Et choisir sa formation en connaissance de cause peut se révéler très compliqué, l\'information disponible manquant cruellement de transparence. L\'alarme est lancée par une association de défense des consommateurs, Consommation, logement et cadre de vie (CLCV), qui au cours du premier semestre 2013 a mené une enquête auprès de 447 auto-écoles, se mettant dans la peau des futurs élèves.Pourtant, les enjeux sont très sensibles dans ce domaine. Le permis B, détenu par plus de 40 millions d\'automobilistes, est souvent indispensable pour travailler voire pour vivre. Preuve en est que l\'examen est le premier en France par nombre de candidats: 742367 personnes le réussissent chaque année. Et la sécurité routière, au centre des politiques gouvernementales de réduction de la mortalité, dépend largement de la qualité de la formation délivrée. La réglementation, en conséquence, existe: non seulement les écoles doivent être agrées, mais les enseignants doivent être autorisés. Le contenu de la formation est défini à niveau national et l\'affichage des tarifs, qui doivent être visibles depuis l\'extérieur, est réglementé par un arrêté de 1987.Le coût réel dépasse celui du forfait le plus courantMalgré ces règles communes, les tarifs proposés résultent être plus que variables. Si le prix moyen du forfait de 20 heures (le plus couramment souscrit car il correspond au nombre minimum d\'heures exigées pour passer l\'examen) est de 1067 euros, celui-ci peut coûter jusqu\'à 1425 euros à Paris (où le tarif médian s\'élève à 1250 euros) alors qu\'il sera accessible pour la moitié de ce montant (780 euros) à Lille. De même, une heure de conduite peut coûter 62 euros en Vendée contre 50-55 à Paris et 36 euros dans le Nord.Ce coût déjà très important correspond d\'ailleurs rarement aux dépenses effectives. Pour seulement 1,9% des candidats 20 heures de conduite suffisent réellement pour passer l\'examen, alors que près de la moitié emploient plus de 25 heures. L\'évaluation des besoins effectuée par l\'auto-école avant la conclusion du contrat de formation est donc apparemment défaillante, bien qu\'obligatoire et facturée… Mais ce sera le candidat qui supportera les conséquences de l\'erreur, qu\'il s\'agisse des heures supplémentaires nécessaires pour le premier examen ou des frais pour le repasser une autre fois.Selon les calculs de CLCV, un deuxième examen après 6 heures de conduite supplémentaires fera donc monter le coût total du permis à 1780 euros, alors que dans la même auto-école on aurait pu souscrire dès le départ un forfait de 30 heures à 1710 euros. «Le forfait 20h apparaît davantage comme un produit d\'appel par son prix», conclut l\'association: «C\'est un peu comme prendre un forfait de téléphonie mobile qu\'on serait quasiment sûr de dépasser!»Les taux de réussite sont inégauxLe taux de réussite de l\'examen pratique est aussi variable que les tarifs (mais sans qu\'il ait de lien apparent entre les deux): il peut aller de 45,48% à Paris jusqu\'à 70,03% dans les Alpes de Haute Provence, contre une moyenne nationale de 57,55%. Cela peut certes dépendre d\'éléments qui influencent la motivation du candidat, comme l\'existence de transports alternatifs… mais l\'écart avec Paris persiste même si l\'on prend en compte un autre département parmi les plus peuplés comme la Haute-Garonne (56,35), ou voisin tel l\'Essonne (58,87).D\'autres facteurs comptent alors davantage, parmi lesquels la présence d\'assez de personnel pour garantir aux élèves d\'effectuer dans des créneaux raisonnables le nombre d\'heures hebdomadaires nécessaires pour réussir. «Les différences de résultat parfois très marquées à l\'épreuve pratique posent la question de l\'équité de cette épreuve voire de l\'homogénéité de la valeur du diplôme délivré», observe alors l\'enquête, qui pointe aussi, comme autre facteur d\'inégalité régionale, les écarts entre les délais de présentation aux examens.Pour avoir toutes les infos, le futur élève doit rentrer dans les bureauxCes informations essentielles que sont le taux de réussite et le délai des épreuves font d\'ailleurs systématiquement défaut dans l\'affichage extérieur.  Plus généralement, la réglementation qui garantit la visibilité des tarifs est très peu respectée: plus d\'une auto-école sur dix n\'affiche rien du tout et un tiers de celles restantes omet une partie des informations.Très souvent, les panneaux sont peu compréhensibles, impossibles à comparer, dépassés voire cachés par des publicités ou… des plantes vertes! La formation au code est parfois définie comme «illimitée», sans distinction entre les heures d\'enseignement et celles de test ou d\'entraînement, ni d\'information sur la durée. Le futur élève est ainsi obligé de rentrer dans les bureaux, où il finira souvent par se faire happer.L\'association de consommateurs n\'a alors pas de doutes: pour permettre des choix mieux éclairés, chaque auto-école devrait être obligée d\'afficher ses taux de réussite des 3 derniers mois, ainsi que de prendre en charge les conséquences de sa mauvaise évaluation des besoins de l\'élève. Une standardisation des panneaux et des sanctions pour ceux qui ne respectent pas la transparence est également suggérée.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.