La puissance financière chinoise n'en est qu'à ses balbutiements

La puissance de feu du système financier chinois n'a pas fini de surprendre le reste de la planète. Dans un contexte de forte croissance du PIB, associé à une formidable bulle immobilière et à l'émergence d'une classe moyenne susceptible de faire exploser tous les compteurs, ce système financier chinois bénéficie d'une épargne abondante détenue essentiellement par les ménages et en constante progression. Mais, dans la mesure où les opportunités de placements alternatifs sont rares (les marchés financiers sont encore peu développés et risqués), cette manne de liquidités se concentre sous forme de dépôts bancaires rémunérés à taux réglementé. Ces dépôts représentent près de 90 % des ressources des banques chinoises.Par ailleurs, face à un relatif sous-développement des marchés financiers, les crédits bancaires restent le seul véritable moyen de financement externe pour une très grande majorité des entreprises et des administrations publiques. Cette distribution de crédits représente les deux tiers de l'activité des banques. Ce secteur bancaire est donc central pour l'économie locale, alors que l'épargne souscrite est avant tout une épargne de précaution résultant des faiblesses des systèmes de protection sociale et des perspectives de vieillissement de la population.Dans ce contexte fortement inflationniste, le système bancaire chinois a logiquement bondi. À tel point que l'on soupçonne aujourd'hui les plus grands établissements bancaires de la zone de minorer les montants de prêts accordés et ce, pour répondre aux exigences du gouvernement. Officiellement, les banques chinoises ont accordé pour 4.600 milliards de yuans (679 milliards de dollars) de nouveaux prêts sur les six premiers mois de 2010, mais le véritable chiffre serait plus proche de 5.900 milliards de yuans (plus de 870 milliards de dollars), selon l'agence de notation financière Fitch. À la fin du premier semestre, Fitch estime par ailleurs que plus de 2.300 milliards de yuans (339 milliards de dollars) ont été transférés vers des produits d'investissements, de plus en plus demandés en raison de leurs rendements élevés. Pour l'année entière, l'objectif de nouveaux prêts a été fixé à 7.500 milliards de yuans (1.105 milliards de dollars) afin d'enrayer la pression inflationniste, au moment où, en plus d'une explosion de créances douteuses, menace d'éclater une bulle immobilière.Aujourd'hui, trois institutions chinoises se sont classées parmi les dix premières banques mondiales en termes de capitalisation boursière. Parmi elles, Agricultural Bank of China, qui vient d'entrer en Bourse en levant le montant record de 22,1 milliards de dollars. Le précédent record était détenu par une autre banque chinoise, l'ICBC qui avait levé 21,9 milliards de dollars en 2006. Avec 24.000 agences, 441.200 employés, 300 millions de clients et des avoirs estimés à 9.500 milliards de yuans (1.400 milliards de dollars), AgBank, la troisième banque chinoise, reflète la démesure du pays. Pascale Besses-Boumard
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