La filière porcine française tentée par un marché à terme

Entre l'envol des cours du blé, du soja et du maïs, et des prix du porc qui restent faibles : la filière porcine est mal en point. À l'approche du mois de septembre, une période qui voit souvent les cours baisser avec la fin de la demande estivale liée aux barbecues, le président du syndicat interprofessionnel du porc, Inaporc, est inquiet. « On se dirige tout droit vers une crise, il faut mettre en place un plan de sauvetage de la filière » assure Guillaume Roué. La volatilité des prix des céréales se greffe à une situation déjà précaire pour les éleveurs français : leur prix de revient moyen est équivalent au prix de vente, soit environ 1,28 euro. « Sur les quatre dernières années, ils n'ont été rentables qu'un semestre » confirme Renaud de Kerpoisson, président d'Offre Et Demande Agricole. Un cochon se nourrit à 80 % de blé ou de maïs et à 20 % de soja ou autre céréale à forte teneur en protéine ; or ces ingrédients ont tous progressé de minimum 15 % depuis début juillet, et de 55 % pour le blé. Déjà endettés, les plus petits producteurs risquent de ne pas résister à cette crise : selon un plan stratégique élaboré par Ernst & Young, le cheptel pourrait chuter de 25 millions actuellement à 17 millions en un an ou deux. Inquiétude sur le prix de vente « La France est en train de perdre toute compétitivité : en cinq ans, notre cheptel est resté stable alors qu'il a progressé de 5 millions en Allemagne ». Outre-Rhin, on élève 45 millions de porcs, pour 56 millions abattus car le Danemark et les Pays-Bas ont recours aux abattoirs allemands. « Il y a vraiment une distorsion de la concurrence» assure Guillaume Roué, qui a rencontré le ministre de l'Agriculture, Bruno Le Maire, cet été. Le régime de TVA allemand est très favorable aux plus grosses fermes, qui peuvent aussi embaucher à bas coût dans certains Länder des travailleurs d'Europe de l'Est. Les charges de l'industrie allemande du porc sont aussi allégées par la méthanisation du lisier (déjection du porc), dans 4.500 fermes. Ce qui permet aux fermiers de revendre de l'électricité à prix bonifiés, et d'abaisser les coûts de production. En France, seules une dizaines de fermes revendent ce type d'électricité à EDF.Le prix de vente au kilo représente aussi un sujet d'inquiétude. Le marché au cadran de Plérin en Bretagne, la référence nationale, se traduit par une stagnation des prix. La filière réfléchit donc au lancement d'un marché à terme sur la viande de porc, comme il en existe aux États-Unis où les prix sont aujourd'hui plus élevés. La bourse de l'électricité Powernext devrait prochainement proposer un produit ad hoc. La place de marché franco-allemande est d'ailleurs en train d'adapter son nom à ce développement : Powernext signifiera désormais Powering the Next Futures.
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