Frais bancaires : la Commission européenne dénonce les abus

Voilà une publicité dont les banques se seraient volontiers passées. Une étude fleuve publiée hier par la Commission européenne jette une lumière peu flatteuse sur la manière dont elles traitent leurs clients. Les résultats sont édifiants. Il en coûte aux Français 154 euros par an en moyenne pour disposer de services bancaires simples : gestion d'un compte, virement, prélèvement, chèque, banque en ligne, ou encore, tout simplement, tenue de compte. C'est moins qu'en Italie, « champion » européen de la cherté avec 253 euros par an, mais tout de même 100 euros de plus qu'en Belgique ! Bruxelles y voit la preuve éclatante d'un manque de concurrence non seulement entre pays mais à l'intérieur de chaque marché national. Si elle établit un palmarès inversé des banques, la Commission ne distribue pas pour autant de bons points. Partout, elle dénonce l'opacité des tarifs. Elle soupçonne les établissements de crédit d'abuser de leur position de gestionnaire de compte pour prélever des commissions pratiquement à l'insu de leurs clients.conseils inappropriésMeglena Kuneva, la commissaire en charge de la Protection des consommateurs, avait sorti hier la boîte à gifles parlant d'«?information précontractuelle inadéquate, de conseils inappropriés et de commissions bancaires opaques qui sont incompréhensibles pour les consommateurs?». « En un mot, les contrats de services financiers de détail et les pratiques commerciales (des banques) violent souvent les principes élémentaires d'un bon marché de masse », a-t-elle dit.Les consultants diligentés par la Commission ont passé en revue 224 banques, couvrant plus de 81 % du marché du détail en Europe. « Ils se sont mis dans la peau d'un consommateur qui veut ouvrir un compte », explique-t-on à la Commission. En pratique, ils sont allés chercher l'information sur les sites des établissements. Quand elle n'y était pas (dans deux cas sur trois), ils ont téléphoné, puis ont tenté de se faire confirmer les informations par écrit? ce qui leur a souvent été refusé. On leur recommandait de « passer à l'agence ». Les experts du bureau Van Dijk, en charge de l'étude, ont ensuite fait des simulations de frais annuels sur la base de huit scénarios d'utilisation des comptes : du plus « basic » au plus sophistiqué, du plus national au plus européen. Pour les utilisateurs « actifs » des services bancaires, les frais grimpent jusqu'à 400 euros en Italie. Un segment où les banques françaises, avec environ 230 euros de frais par an, restent très largement au-dessus de la moyenne européenne (environ 160 euros). Les utilisateurs français « de base » s'en tirent pour 90 euros, ce qui est tout de même 30 euros de plus que l'Européen moyen.Bruxelles met également le doigt sur les « mauvais conseils » d'investissement de certains banquiers qui n'hésitent pas à vendre les services les plus rentables? pour eux ! Il en coûterait par exemple « 20 à 30 milliards d'euros par an » aux Allemands invités à souscrire des produits d'investissement de long terme inadaptés à leur besoin de liquidité. La Commission n'a pas annoncé de mesures législatives. « Nous voulons commencer par vérifier la bonne application des règles existantes », a commenté hier une porte-parole de la Commission.
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