La France est en retard dans le numérique

Inquiétant », « catastrophique », « alarmant »... Tels sont les adjectifs que le retard de la France dans le numérique inspire au « think tank » ou laboratoire d'idées Renaissance Numérique, qui regroupe depuis 2005 des chercheurs et des chefs d'entreprise. « Un tiers des foyers français ne dispose pas d'une connexion à Internet, ce qui place notre pays au niveau qui était celui de la Corée du Sud en 2001 », a déploré Christine Balagué, coprésidente de Renaissance Numérique, lors d'une conférence de presse ce lundi. Elle se réfère à l'étude Référence des équipements multimédias (Médiamétrie/Gfk) qui compte 18,4 millions de foyers (soit 67,7 %) accédant à Internet en septembre. Lors de la publication de son livre blanc en 2007, Renaissance Numérique tablait sur 80 % de ménages français raccordés à Internet en 2010. Cette proportion de 80 %, l'Allemagne l'atteint déjà et... la Corée du Sud la dépasse largement, avec 96 % de foyers connectés. « Le numérique est le parent pauvre des moteurs de la croissance économique, en France », insiste Christine Balagué.Visibilité des PMELe bilan 2005-2010 du développement numérique des entreprises françaises n'est guère plus flatteur que celui des particuliers. Moins de la moitié des PME (48 %), qui constituent l'essentiel du tissu économique du pays, ont un site Internet, contre une moyenne de 67 % pour l'Union européenne. « Les entreprises ne devraient plus en être à se demander s'il leur faut ou non un site Internet, mais comment être le plus visibles possible sur la Toile, où se trouvent nombre de leurs clients », s'étonne Roland Tripard, président du directoire du site d'annonces immobilières Seloger.com.Toujours en matière de « business », 2,1 % seulement des sociétés créées chaque année en France sont des start-up du secteur numérique. « Il n'existe pas d'incitation particulière à la création de ces jeunes pousses, qui souffriront de surcroît de la probable remise en cause des avantages financiers accordés aux jeunes entreprises innovantes [?La Tribune? du 12 novembre] », regrette Guillaume Buffet, coprésident de Renaissance Numérique. Il pointe également du doigt l'amendement Marini sur la taxation des achats en ligne effectués par les entreprises, amendement susceptible de freiner encore le commerce électronique entre professionnels. « La France ne risque-t-elle pas de devenir un pays du ?tiers-Net? [par analogie avec le tiers-monde] ? », s'inquiète Guillaume Buffet, agacé que le secrétariat d'État au Numérique réclamé par Renaissance Numérique ait été dissous lors du dernier remaniement gouvernemental. « Il ne faut pas se le cacher, la France n'est pas assez présente dans les services liés à Internet », reconnaît le cabinet du nouveau ministre de l'Industrie, de l'Énergie et de l'Économie numérique Éric Besson, interrogé par « La Tribune ». Un défi à relever pour le ministre.
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