La réforme des cartes de crédit pèse 50 milliards pour les banques

Aujourd'hui, nous rééquilibrons la balance du pouvoir en faveur des consommateurs et responsabilisons les émetteurs de cartes de crédit. » L'entrée en vigueur, lundi, de la réforme des cartes de crédit votée par le Capitole au printemps 2009 a été saluée par Barack Obama. Répondant à l'une de ses promesses de campagne, la loi interdit désormais à ces établissements de relever rétroactivement les taux d'intérêt de leurs cartes, d'imposer des « frais cachés » et des délais de remboursement extrêmement courts à leurs clients.La réforme devrait en théorie avoir un impact substantiel sur l'activité des émetteurs américains dont les principaux sont Citigroup, American Express, Capital One, Discover, JP Morgan Chase et Bank of America. D'après le Pew Safe Credit Cards Project, la suppression des taux d'intérêt rétroactifs et des pénalités de retard de paiement « excessives » permettra, à elle seule, aux Américains d'économiser « un minimum de 10 milliards de dollars par an ». De son côté, le cabinet d'avocats Morrison Foerster a estimé, dans un rapport réalisé pour le compte de l'industrie bancaire et remis à la Réserve fédérale, que le manque à gagner pour les émetteurs pourrait dépasser 50 milliards de dollars sur cinq ans. Selon ses conclusions, cela pourrait pousser les banques à limiter le nombre de leurs clients et, in fine, priver 45,5 millions d'Américains de cartes de crédit.la polémique enfleLa Maison-Blanche avance, quant à elle, que les Américains paient chaque année 15 milliards de dollars de pénalités sur leurs cartes.Malgré les menaces brandies par l'industrie bancaire et la satisfaction affichée par Barack Obama, une polémique monte aux États-Unis : la Réserve fédérale, qui demeure le principal régulateur du secteur, n'a rien fait pour empêcher les émetteurs de cartes de remonter leurs taux d'intérêt au cours de l'année ayant précédé l'entrée en vigueur de la loi, ni pour les empêcher d'élaborer des stratégies visant à la contourner. Ainsi, au quatrième trimestre, le taux d'intérêt moyen sur ces cartes s'inscrivait à 13,5 % contre 11,8 % un an plus tôt. De même, le taux moyen appliqué aux clients subprimes, donc jugés plus risqués, a bondi de 14,3 % à 24,9 % en six mois ! Le procureur général du Connecticut, Richard Blumenthal, a jugé « inexcusable et inexplicable » le fait que Ben Bernanke, qui avait jusqu'à lundi pour présenter les règles d'application de la loi, censées notamment permettre l'annulation des hausses récentes des taux d'intérêt, ait raté cette date butoir. La Fed a refusé d'expliquer la raison de ce retard mais assuré qu'elle le rattraperait « rapidement ».
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