La France épargnée par l'inflation

La France est pour l'heure épargnée par l'inflation, alors que celle-ci devient un sujet de préoccupation en Europe et que le prix du pétrole flambe dans le monde. Les prix à la consommation ont ainsi augmenté de 1,8 % en janvier, sur un an. Dans le même temps, en zone euro, ils étaient en hausse de 2,4 %, franchissant pour le deuxième mois d'affilée le seuil de 2 % ciblé par laBCE. Au Royaume-Uni, ils ont progressé de 4 %, sous l'effet de la hausse de la TVA à 20 % au 1er janvier. Dans les pays émergents, Inde, Chine et Brésil, ils évoluent à un rythme de 5 % à 8 %.« Effet saisonnier fort »Cette modération des prix en janvier s'explique par les soldes, qui ont « produit un effet saisonnier fort », explique Natacha Valla, économiste à Goldman Sachs. Les prix des produits manufacturés ont ainsi baissé de 1,5 % et ceux de la seule catégorie habillement-chaussure, de 7,9 %. Les prix alimentaires sont par ailleurs restés atones (? 0,1 % sur le mois, + 0,1 % sur l'année). On peut craindre « un effet différé » des fluctuations des cours des matières premières agricoles, estime l'économiste. En d'autres termes, la hausse des produits alimentaires est encore à venir... Au final, l'inflation de janvier est imputable à l'énergie, explique l'Insee, du fait du relèvement de 3 % des tarifs d'EDF début janvier, et de l'« accroissement des prix des produits pétroliers ». Sous l'effet de la flambée internationale des prix du pétrole, ces derniers ont progressé de 4,8 % sur le mois, soit de 17 % en un an. Le phénomène semble parti pour durer : mardi soir, les violences en Libye ont fait bondir le prix du baril de 5 % à New York, une envolée qui se répercutera inévitablement sur les prix à la pompe. « La remontée récente autour des 100 dollars du cours du baril et le regain de tensions dans certains grands pays pétroliers continueront de pénaliser nettement le pouvoir d'achat des ménages », estime Alexander Law, chez Xerfi. La portée psychologique de l'augmentation de l'essence est en effet forte, même si le poids des produits énergétiques dans le panier des ménages dépasse à peine 7 %, selon l'institut d'études économiques COE-Rexecode. Au-delà de ce contexte, l'inflation sous-jacente française, (hors alimentation et énergie), reste modérée (0,7 % en janvier). Elle témoigne des difficultés des entreprises, qui doivent composer avec des capacités de production sous-employées et une pression concurrentielle importante. Elle témoigne aussi d'un marché du travail tendu, qui fait pression sur les salaires. Un scénario inverse se dessine en Allemagne, où l'inflation s'affiche à un niveau comparable à celui de la France (1,9 % en janvier, son plus haut niveau depuis octobre 2008). Il n'y a pas eu de « hausse significative du taux de chômage pendant la crise » outre-Rhin, rappelle Natacha Valla. Ce qui « permet d'avoir actuellement des revendications de salaires nominaux dynamiques ». Conséquence directe, le pays craint vivement la contagion des prix par les salaires.
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