Au début du mois, cinq journalistes de radios publiques francophones (France Inter, France Info, la RTBF belge, la Radio suisse romande et la première chaîne de Radio-Canada) se sont enfermés une semaine dans le Périgord, coupés de tout média traditionnel. Leurs seules sources d'information étaient Facebook et Twitter. Expérience pas vraiment scientifique, mais aux résultats néanmoins intéressants. « Les réseaux sociaux deviennent une source d'information », explique aujourd'hui Benjamin Muller, de France Info.« Twitter, plus encore que Facebook, permet de relayer une information beaucoup plus rapidement qu'un média traditionnel », analyse le journaliste. Les cinq journalistes cloîtrés ont ainsi appris qu'il y avait eu une explosion à Lille. Ils ont dénombré 5.000 tweets (ces minimessages de 140 signes) en moins de deux heures pour décrire cet événement qui ressemblait à une explosion au gaz. Mais il aura fallu attendre le lendemain matin, et les médias traditionnels, pour apprendre qu'il s'agissait d'un avion militaire ayant passé le mur du son. Ces cobayes n'ont pratiquement rien raté des infos de la semaine.Néanmoins, les réseaux sociaux s'imposent comme une source d'information complémentaire des médias traditionnels. Mais Éric Scherer, directeur stratégie de l'AFP et spécialiste des médias numériques, estime que médias et journalistes ont une fonction qui n'est pas menacée. « La vérification de l'information, le tri et la hiérarchisation restent leurs prérogatives, même si la collecte d'informations est désormais une fonction partagée avec les citoyens témoins des réseaux sociaux, et si l'analyse et le commentaire sont également partagés avec les blogueurs. »Twitter est donc en passe de devenir une caisse de résonance énorme. « C'est un outil de ?broadcast? où une personne peut diffuser une information au monde entier », analyse Éric Scherer. Selon lui, l'iPhone « équivaut à une station télé dans la poche ». C'est d'ailleurs à l'occasion des événements d'Iran au début de l'été dernier que Twitter était apparu comme un moyen efficace pour transmettre des informations sur ce qui se passait dans les rues de Téhéran.Jean-Baptiste Jacqu

latribune.fr

23 Févr 2010, 23:18

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