Au pied du mur, Total joue l'apaisement

Confronté à la détermination des syndicats, soumis à l'intense pression d'un gouvernement tétanisé par les risques de pénurie de carburants, Total a finalement cédé sur l'essentiel des revendications des syndicats, ouvrant la voix à un déblocage du conflit débuté mercredi dernier.Lors d'une réunion mardi avec les organisations représentatives des salariés, deux jours après un premier rendez-vous infructueux, le groupe pétrolier s'est ainsi engagé à ne pas fermer ou céder ses raffineries en France pendant cinq ans et à présenter un programme d'investissements pour chaque site sur la période. Concernant la raffinerie de Dunkerque, dont la fermeture programmée avait amorcé le conflit, le groupe a rouvert une porte. Le document servant de base à la négociation stipule que « toutes les options, y compris la poursuite de l'activité de raffinage, seront abordées (pour le site) au cours de la procédure d'information consultation » des salariés, le comité central d'entreprise qui se tiendra le 8 mars.tables rondes programméesLes syndicats ont aussi obtenu gain de cause sur la tenue d'une table ronde nationale sur l'énergie en France, que le ministre de l'Industrie, Christian Estrosi, s'est engagé à organiser au deuxième trimestre. Idem pour l'organisation d'une table ronde régionale, dans le Nord-Pas-de-Calais. Sur la situation des dépôts, dont Total compte céder quelques unités, le groupe a garanti une réembauche des employés en cas de défaillance du repreneur pendant cinq ans. Sur la base de l'accord que présenteront les syndicats, les salariés des différents sites de raffinage devront voter, ce mercredi, soit la prolongation, soit la suspension du mouvement de grève. Mais l'initiative de la CGT, majoritaire dans l'aval, qui a appelé à la suspension du mouvement à la fin des négociations, laisse présager une issue favorable au conflit. Déjà, durant la journée de mardi, les informations filtrant sur les avancées des négociations avaient incité la CGT d'ExxonMobil a suspendre la grève qu'elle avait débutée en solidarité avec les salariés de Total dans les deux raffineries françaises du géant américain.interventionnisme politique« Le ton a largement changé par rapport à la précédente réunion de dimanche », remarquait Éric Sellini, délégué syndical central CGT. « On a davantage affaire à quelqu'un qui négocie qu'à quelqu'un qui impose », soulignait-il.De fait, le risque de plus en plus concret d'une pénurie d'essence, en période de vacances scolaires et à moins de trois semaines des élections, plaçait le groupe dans une situation intenable. Déjà soumis au feu nourri des syndicats, Total a dû composer avec l'interventionnisme actif des politiques sur le dossier. Au lendemain d'une première rencontre avec Thierry Desmarets, le président du conseil d'administration de Total, Nicolas Sarkozy a rencontré mardi matin le directeur général du groupe, Christophe de Margerie, rapatrié en urgence de New York, où il devait rencontrer des investisseurs jusqu'à mercredi.
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