Audition américaine sous haute tension pour le patron de Toyota

L'audition ce mercredi d'Akio Toyoda, PDG de Toyota, devant une commission de la Chambre des représentants promet d'être houleuse. Les plaignants ont lancé des procédures en nom collectif (« class action ») contre le constructeur nippon et affirment que les défauts constatés sur ses véhicules ont provoqué au moins 34 décès. Le groupe, qui a dû rappeler 5,6 millions de véhicules aux États-Unis et 7,27 millions dans le monde, pour des problèmes d'accélérateur et de freinage, est en outre accusé d'avoir, grâce à du « lobbying » à Washington, évité une enquête fédérale sur un problème affectant ses pick-up Tacoma. À quelques mois des élections de mi-mandat, les parlementaires auront à coeur de se distinguer devant les caméras, en s'en prenant au patron d'une... entreprise étrangère. Le Congrès n'a pas d'autorité pour appeler un PDG étranger à témoigner. L'audition d'Akio Toyoda est donc volontaire et n'a pas de précédent depuis celle, désastreuse, de Masatoshi Ono, l'ancien patron du fabricant de pneus japonais Bridgestone, en septembre 2000. Les parlementaires l'avaient alors invectivé pendant des heures, au sujet de millions de rappels, alors que des problèmes de pneus avaient provoqué des accidents mortels sur des 4 x 4 Ford Explorer. Un mois plus tard, Masatoshi Ono devait démissionner.Ces deux dernières années, les auditions de grands patrons devant le Congrès se sont multipliées. Mais il s'agissait, dans la plupart des cas, de patrons ayant bénéficié du soutien du gouvernement fédéral pour éviter la faillite de leurs groupes (GM, Chrysler), ou accusés d'avoir contribué à la crise des crédits subprimes, telles les banques de Wall Street.ménager Akio ToyodaCinq gouverneurs d'État dans lesquels est présent Toyota ont prié toutefois les élus de ménager Akio Toyoda, rappelant que le groupe est responsable de 172.000 emplois aux États-Unis, où il achète chaque année pour 29 milliards de dollars à ses fournisseurs. Les élus du Sud dénoncent aussi le zèle de l'administration Obama, qui possède 61 % de GM.Les déboires s'accumulent pour Toyota aux États-Unis. Lundi, le groupe a révélé qu'il risquait d'être l'objet d'une enquête criminelle concernant sa gestion des problèmes de sécurité de ses véhicules. Et le régulateur boursier, la Securities and Exchange Commission (SEC), lui a demandé des documents relatifs à ses rappels. Akio Toyoda doit reconnaître ce mercredi devant le Congrès que son groupe s'est développé « trop vite », selon le texte de son discours remis mardi à la presse.
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