Didier Migaud, un fin connaisseur des rouages budgétaires

Fan pratiquant de rugby - quand son prédécesseur Philippe Séguin était passionné de football -, Didier Migaud sort vainqueur de la mêlée des prétendants au fauteuil de premier président de la Cour des comptes. Un poste qu'il pourra occuper, s'il le souhaite, durant les douze années qui viennent puisqu'il est inamovible jusqu'à ses 69 ans. La longévité potentielle de ce proche de Laurent Fabius a constitué un moment un handicap dans l'esprit de Nicolas Sarkozy au moment de faire son choix.La manière dont le député socialiste de l'Isère a su travailler avec la droite à plusieurs reprises a sans doute rassuré le chef de l'État. Avec l'UMP Alain Lambert, il a été l'un des pères fondateurs de la Lolf, la nouvelle constitution financière de la France. Avec Gilles Carrez, le rapporteur général du budget UMP à l'Assemblée, il partage certains combats, en particulier sur les niches fiscales et sur les paradis fiscaux.Mais si l'homme apparaît moins éruptif que Philippe Séguin, il n'en est pas moins accrocheur sur les dossiers qui lui tiennent à coeur. C'est ainsi que Didier Migaud est en première ligne dès qu'il s'agit de remettre en cause l'opportunité des mesures de la loi Tepa, qu'il juge peu efficaces et coûteuses pour les finances publiques. C'est d'ailleurs sur l'exonération des heures supplémentaires que le seul clash public entre Didier Migaud et la majorité a été enregistré au cours des deux dernières années. La droite accusant celui qui était alors président de la commission des Finances de l'Assemblée d'avoir fait fuiter dans la presse des évaluations de Bercy.De même, il n'hésite pas à interpeller à plusieurs reprises, depuis cet automne, le ministre du Budget Éric Woerth au sujet de l'exonération de la taxe sur les plus-values des entreprises, qui a privé l'État de 22 milliards d'euros en trois ans. Sans doute dans un style très différent, Didier Migaud, spécialiste reconnu et respecté des finances publiques, poursuivra donc dans le sillon tracé par Philippe Séguin.Une action de contrôleCeux qui voient dans cette nomination une nouvelle illustration de la politique d'ouverture risquent d'en être pour leurs frais. Les proches de Didier Migaud estiment que, en aucun cas, ce choix ne fait de ce dernier un nouvel exemple de débauchage, « le premier président ne participant justement pas à la politique du gouvernement ». Autrement dit, Didier Migaud entend bien poursuivre depuis la rue Cambon une action de contrôle de la politique menée par Nicolas Sarkozy qu'il menait déjà depuis l'Assemblée nationale. Sans doute avec plus de retentissement, étant donné le prestige d'une maison plus que deux fois centenaire. Anne Eveno
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