Tony Gatlif réclame La « liberté »

Il y pensait depuis 1975. Sans jamais se le permettre. « Moi qui aime la liberté de la caméra, comment respecter les règles d'une stricte reconstitution ? » s'inquiétait Tony Gatlif. Trente-cinq ans après ses débuts, le cinéaste ose enfin s'attaquer au génocide des Roms perpétré par les nazis pendant la guerre. Et de réaliser avec « Libert頻, le premier film sur le sujet. Une oeuvre magnifique, certes un brin longuette, portée par une image superbe, d'excellents acteurs et une musique envoûtante conçue comme un personnage à part entière de cette histoire.Nous voici donc transportés en 1943, dans un petit village de la campagne française. C'est là que débarque chaque année pour les vendanges, une famille de Gitans avec roulottes, chevaux, enfants et l'inénarrable Taloche (James Thierrée) violoniste virtuose et un peu fou. En général, tout se passe bien avec les paysans. Sauf que Vichy a changé les règles. Les communautés nomades sont désormais hors la loi. Et voilà nos Tsiganes arrêtés et internés par la gendarmerie française dans un camp, véritable point de départ pour la déportation.belle reconstitution Mais pas question pour le maire (impeccable Marc Lavoine) et l'institutrice (Marie-Josée Croze) de laisser faire. Ce dernier offre donc aux « bohémiens » - comme on les appelait à l'époque -, la vieille ferme de son grand-père, les sauvant ainsi de la prison. Reste qu'il leur est impossible de vivre entre les quatre murs d'une maison.S'inspirant de personnages réels, Tony Gatlif réalise avec peu de moyens une belle reconstitution de l'époque. « Libert頻 est pourtant bien plus qu'un simple film historique. Une ode à la liberté, ici personnalisée par Taloche, mais aussi par la musique qui sonne souvent comme un appel à l'insoumission. Refusant toute forme de pathos, Gatlif célèbre la vie, aidé en cela par ses comédiens dont James Thierrée. Lui, dont les spectacles font à chaque fois salle comble, se révèle plus hypnotique que jamais à l'écran. Y. Y.
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