L'aéronautique peu généreuse envers ses actionnaires

Que les actionnaires des groupes d'aéronautique et de défense ne s'emballent pas ! Dans une récente étude, l'agence d'évaluation financière Fitch affirme que la générosité du britannique BAE Systems - qui a annoncé, jeudi dernier, un programme de rachat d'actions de 500 millions de livres sterling pour 2010 - ne doit pas être extrapolée à l'ensemble du secteur. Et ce, pour des raisons spécifiques à chacun des acteurs de l'industrie européenne de l'aéronautique et de la défense.Certes, EADS disposait d'une trésorerie nette de 4 milliards d'euros à la fin du troisième trimestre. Pour autant, le groupe a bien besoin de ce matelas, compte tenu de la faiblesse de l'aviation commerciale et des dépassements de coûts du programme A400M, dépassements qui pourraient excéder 11 milliards d'euros alors que le budget initial de cet avion militaire était de 20 milliards. Du côté de Finmeccanica, c'est le bilan qui pèche. En raison de l'acquisition de l'américain DRS Technologies, en 2008, l'italien supportait à la fin du troisième trimestre 2009 une dette nette de près de 6 milliards d'euros. La priorité du groupe réside dans la réduction de cet endettement et non dans la rémunération de ses actionnaires. À moins que Finmeccanica ne s'inspire de son concurrent Thales, qui, bien que déficitaire, a distribué un dividende. Mais, à 0,50 euro par action, le dividende versé par Thales est en chute de 52,4 % par rapport à 2008... Rolls-Royce, en revanche, pourrait « être pressé par ses actionnaires » d'enclencher un programme de rachat d'actions, en 2010, reconnaît Fitch. Non seulement le britannique bénéficie d'une trésorerie nette d'un milliard de livres, mais il a également dégagé, en 2009, un bénéfice net supérieur de 10 % à la prévision des analystes interrogés par l'agence Bloomberg.Militaires plus défensivesReste que les actionnaires de Rolls-Royce ne sont pas à plaindre, le cours ayant bondi de 50 % en 2009. D'une façon générale, les valeurs plus axées sur l'aéronautique civile que militaire ont profité du rally des secteurs cycliques, l'an dernier : EADS a grimpé de 17 % et Safran s'est envolé de 42 %. Si bien que ces titres se paient 15,9 et 15,5 fois leurs bénéfices estimés pour 2010, d'après Bloomberg. Au contraire, plus défensifs car davantage spécialisées dans le militaire, BAE et Finmeccanica ont cédé 4,6 % pour le premier, et gagné 2,8 % seulement pour le second, en 2009. Résultat, leurs PER (price earning ratio, ou rapport cours sur bénéfice par action) se limitent respectivement à 8,8 et à 7,9.Pas de rachat d'actions, plus de croissance externe ? Pas à court terme, selon le cabinet d'étude PricewaterhouseCoopers, qui indique que la valeur totale des fusions-acquisitions dans l'aéronautique et la défense a atteint, en 2009, son plus bas niveau depuis dix ans à l'échelle mondiale, à 10 milliards de dollars. La crise est passée par là.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.