« Les retombées du crédit impôt recherche sont immenses pour notre économie »

STRONG>Vous ouvrez ce jeudi soir à Avoriaz le Spring Forum de Croissance Plus consacré à l'entreprise et à l'innovation. La France est-elle toujours à la peine en matière de valorisation de sa recherche ?Non, les choses changent. Regardez les brevets. Pour la première fois en quatre ans, le nombre de brevets déposé est en hausse et ce alors même que chez notre voisin allemand c'est une chute qui a été enregistrée. Selon les derniers chiffres de l'Institut national de la propriété intellectuelle (INPI), l'an dernier 16.580 brevets ont été déposés soit une hausse de 2,9 % par rapport à 2009 qui avait été marquée par un recul de 3,6 % par rapport à 2008. Ce rebond dans le dépôt de brevets doit beaucoup aux organismes de recherche publique. Le CEA a ainsi déposé 495 brevets ( + 19 % par rapport à 2009) et est désormais le quatrième déposant français, le CNRS 380 (+ 37 %) ou encore l'IFP-Energies nouvelles 176 (+ 2 %). Au total, il faut savoir que la recherche publique compte pour environ 10 % du nombre de brevets au niveau national. Les investissements d'avenir devraient soutenir ce rebond avec près de 1 milliard d'euros consacrés à la création d'une dizaine de sociétés d'accélération de transfert technologique, des consortiums de valorisation thématique et des grappes de brevets à la fois publics et privés.Vous avez créé fin 2009 avec l'ANR le site Lemoteurdelarecherche.fr, sorte de « Meetic » de la recherche. Quel en est le bilan ?Ce site participe au rapprochement de la recherche publique et privée. En un an, 27 appels à projets ont été déposés par 24 entreprises. Ces dernières ont reçu en moyenne 17 propositions par projet. Le moteur de la recherche.fr se veut avant tout un lieu de rencontre simple et visible au niveau national. Nous préparons d'ailleurs une deuxième version d'ici l'été prochain. Cet outil n'est en aucun cas un concurrent des pôles de compétitivité mais il faudrait que ceux-ci puissent aussi y déposer leurs projets. Nous voudrions aller plus loin dans la mise en relation entre chercheurs et financeurs en renouant avec les « First Tuesday » thématiques qui associaient des professionnels du capital risque. Présenté comme un atout pour la R&D française, le Crédit d'impôt recherche (CIR) est en même temps décrié pour son coût... À chaque discussion budgétaire, des voix s'élèvent pour dénoncer le coût du crédit impôt recherche. Certes, ce coût, plus de ?4 milliards d'euros en 2010, est élevé pour les finances publiques. Mais les retombées pour l'économie française sont potentiellement immenses. En vigueur depuis 2008, la nouvelle version, simplifiée et triplée du CIR, a déjà été contrôlée trois fois, par l'Inspection des finances, par les parlementaires et par la Cour des comptes. Les chefs d'entreprises français mais aussi les entreprises étrangères qui veulent s'implanter ou qui sont déjà en France ont besoin de stabilité fiscale. Les chercheurs, qu'ils soient dans les laboratoires publics ou dans des entreprises ont besoin de temps. Changer les règles du jeu chaque année est très préjudiciable. Le plus important, c'est que le CIR permet de relancer l'innovation dans les PME, empêche les fuites de cerveaux et les délocalisations et incite les multinationales à implanter leurs centres de recherche en France. Actuellement, le ministère recense ?54 projets d'investissement directs étrangers en France dans le domaine de la recherche.D'ici à 2012, le CIR ne sera donc plus modifié ?Le président de la République a été clair : les dépenses publiques consacrées à la recherche sont trop importantes pour l'avenir du pays pour ne pas être sanctuarisées. Et je crois même qu'il faudrait que les candidats à la présidentielle se prononcent : garderont-ils ou supprimeront t-ils le crédit d'impôt recherche ?Recherche publique et monde de l'entreprise, la greffe est-elle en train de prendre ? L'appétit pour les partenariats privé-public est sans précédent. Par exemple, on recense actuellement 214 laboratoires public-privé (soit en tout 4.000 équivalents temps plein), dont 110 ont vu le jour depuis 2006. Petit à petit, les chercheurs se décomplexent vis-à-vis de l'innovation et les chefs d'entreprises se décomplexent vis à vis de la recherche publique. Les cultures se mélangent, les mondes se rapprochent. Un nouveau type de chef d'entreprises est en train d'émerger : le chercheur entrepreneur. La culture de l'entreprenariat se développe aussi chez les étudiants. 20 pôles de l'entreprenariat étudiant ont ainsi été créés depuis 2007 pour les sensibiliser. On a doublé le nombre de juniors entreprises qui sont désormais présentes dans 25 universités.Propos recueillis par Anne Eveno, Clarisse Jay et Fabien Piliu
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