L'économie à l'école : une arme d'éducation massive

La généralisation de l'enseignement de l'économie à tous les élèves de seconde au lycée est une demande sociale forte, tant c'est une arme d'éducation massive à un exercice éclairé de la citoyenneté dans une démocratie. Les élèves devront choisir entre économie et sociologie ou économie et gestion. Nous avons un besoin accru de compréhension des mécanismes économiques, monétaires, financiers et sociaux afin de prendre des décisions qui engagent notre avenir, celui de la collectivité et des générations futures. L'information économique est omniprésente mais la place occupée par l'économie reste paradoxalement insuffisante. L'enseignement de l'économie en seconde a besoin de trois heures hebdomadaires minimum. Les débats sur l'enseignement de l'économie au lycée sont récurrents et vifs car les discussions sont très idéologiques. Les professeurs d'économie du lycée regrettent des critiques strictement idéologiques mais adoptent cette posture. Le manque d'écoute des critiques des universitaires, des responsables d'entreprises, alimente la critique et sa répétition. L'enseignement de l'économie ne doit plus opposer les visions des observateurs et des acteurs. L'observateur est aussi acteur et les élèves sont déjà des acteurs avant d'être des observateurs.Il convient donc de développer des partenariats multiples afin de renforcer les échanges dans l'intérêt de tous. Les professeurs doivent davantage travailler en complémentarité étroite avec les centres de recherche, l'Institut de l'entreprise, le Codice, l'Institut pour l'éducation financière du public (IEFP), l'Association d'économie financière, l'Idies, l'Association des journalistes économiques financiers...L'amélioration de la crédibilité, interne et externe, de l'enseignement de l'économie doit se fonder sur des complémentarités assumées et mieux définies afin de progresser dans la rigueur des contenus, la cohérence et la pertinence des exposés. Il est possible de mieux former les élèves à porter un regard savant sur le monde économique à condition de mieux coordonner le travail des différentes parties. Les discussions doivent être permanentes et les contributions respectives ne doivent plus être sous-estimées ou ignorées. L'opposition entre l'objective neutralité de l'observateur spécialiste ou généraliste et la subjectivité de l'acteur est obsolète. Elle témoigne d'une vision partielle, partiale et conflictuelle de l'économie et des rapports sociaux. Les réactions aux nouveaux programmes sont trop radicales. Quel programme n'est pas perfectible, critiquable ? Aucun ! Donc, ne porter que des critiques négatives est un non-sens qui relève davantage de la posture idéologique que de l'analyse. Enfin, s'il ne faut pas offrir une présentation naïve de l'économie, il convient de ne pas proposer non plus un enseignement « Paris Match » où le poids des mots et le choc des symboles l'emportent sur la rigueur. Il ne s'agit pas de faire croire aux élèves que tout va bien dans une économie de marché idéalisée où les échanges sont pacifiés entre les entreprises et les salariés, les consommateurs... De même, l'absence des mots chômage, discrimination, inégalités, pauvreté, conflits n'empêche aucunement d'aborder ces questions.Dans ces conditions, stigmatiser un programme sur l'absence de ces termes illustre une approche limitée et orientée de l'économie. Son fonctionnement réel se traduit par des destructions et des créations d'entreprises, d'emplois, de revenus... Les aspects positifs et négatifs se combinent tous les jours. Dénoncer l'un sans exiger l'autre reste porteur médiatiquement mais n'est ni cohérent ni pertinent et représente une menace pour la démocratie. nPoint de vue David Mourey Professeur de sciences économiques et sociales au lycée de Roissy-en-Brie
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