Le marché des changes a perdu ses boussoles habituelles

C'est un sujet d'étonnement pour un grand nombre d'économistes : le marché des changes est resté quasiment imperturbable ces derniers mois pourtant marqués par des événements exceptionnels. Révoltes dans le monde arabe, séismes, tsunamis, menaces nucléaires, explosion des prix des matières premières, ont balisé un terrain propice à la montée en puissance des traditionnelles valeurs refuges. Or, le dollar, le yen ou le franc suisse ne sont pas parvenus à tirer la couverture à eux. Le dollar, à nouveau laminé par les déficits américains, n'a cessé de reculer. Le franc suisse a certes tenté une percée avec un record historique face au dollar battu le 16 mars à 0,8910, mais il s'est assagi depuis. Enfin, le yen, en dépit des catastrophes qui ébranlent le Japon, a bien lui aussi pulvérisé un plafond absolu face au billet vert le 18 mars, sa hausse se nourrissant de la perspective de rapatriements massifs de capitaux dans l'archipel en vue de la reconstruction. Mais sa flambée a été interrompue vendredi par la première intervention concertée des banques centrales du G7 depuis l'an 2000.En lieu et place de ces trois traditionnelles monnaies refuge, ce sont l'euro et la livre sterling qui ont fait la course en tête. La monnaie unique est montée à son meilleur niveau depuis début novembre face au dollar, à près de 1,4250, se rapprochant d'un point haut de quatorze mois, tandis que la monnaie de sa Majesté poussait une pointe au-dessus de 1,64 dollar, un niveau inédit depuis janvier 2010. Inquiétudes sur le PortugalToutes deux répondent à la même logique, découlant d'un déterminant essentiel des taux de change : elles sont dopées par la certitude désormais acquise que la Banque centrale européenne relèvera son taux directeur lors de son conseil du 7 avril et la probabilité, renforcée par la flambée de l'inflation outre-Manche, que la Banque d'Angleterre lui emboîtera le pas en mai. Mais l'édifice est fragile. Ce n'est pas une hausse des taux d'un quart de point - de 0,5 % à 0,75 % à Londres et de 1 % à 1,25 % à Francfort - qui fera de la livre et de l'euro des monnaies à hauts rendements. Il a d'ailleurs suffi mercredi de deux événements pour le prouver, faisant perdre aux deux vedettes du marché des changes un peu de leur superbe. Côté britannique, les minutes de la réunion de la Banque d'Angleterre du début mars ont revélé que le camp des partisans d'une hausse des taux était resté stationnaire à trois « Sages » sur neuf. Côté européen, sur fond d'inquiétudes sur la situation politique et financière du Portugal, en plein sommet des chefs d'Etat et de gouvernemant de l'Union européenne, le projet de conclusion ajournant à fin juin l'augmentation de la capacité de prêts du Fonds de stabilité financière (FESF) a été du plus mauvais effet.
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