Bonus grec pour les taux allemands

L'Allemagne serait-elle la grande gagnante de la crise grecque ? Alors que les grandes économies développées doivent financer des déficits records hérités de la crise, la première économie de la zone euro a vu son coût de financement sur les marchés financiers diminuer de près du double de celui des états-Unis depuis le début de l'année. Dans un contexte de craintes sur la solvabilité des états, les obligations d'Etat des deux pays constituent plus que jamais un havre de paix pour les investisseurs. Mais les titres allemands semblent désormais faire figure de référence.Sur les marchés, le rendement des obligations allemandes à 10 ans, qui entretient une relation inverse avec leur prix, a ainsi baissé de 32 points de base (0,32 %) depuis le début de l'année, à 3,06 %. Alors que les dirigeants européens doivent se réunir en sommet les 25 et 26 mars prochains pour discuter de l'aide financière à Athènes, les spéculateurs pariant sur un échec de consensus pourraient même envoyer le taux sous les 3 % pour la première fois depuis le 2 avril dernier, prévient Carl B. Weinberg, le chef économiste du cabinet de recherche High Frequency Economics. ristourne non négligeableTraditionnellement considérées comme les valeurs refuge par excellence, les obligations d'état américaines à 10 ans ont vu parallèlement leur rendement diminuer de seulement 18 points de base depuis le 1er janvier, à 3,65 %. Conséquence, la différence de rendement entre les deux titres s'établit désormais à environ 60 points de base, son niveau le plus élevé depuis le 12 juin 2007.« Le regain d'inquiétude entourant la situation de la Grèce a alimenté un mouvement de repli vers les actifs les plus sûrs qui a essentiellement profité aux titres allemands, avec une baisse de 10 points de base des rendements à 10 ans en seulement une semaine », souligne Jean-Louis Mourier, stratégiste taux chez Aurel BGC. « Au-delà, les déterminants économiques classiques du marché obligataire, la croissance et l'inflation, justifient l'anticipation d'un durcissement de la politique monétaire plus précoce aux Etats-Unis », ajoute-t-il. La plupart des observateurs tablent sur un relèvement possible du taux directeur de la Fed, aujourd'hui compris dans une fourchette de 0 à 0,25?%, d'ici le quatrième trimestre de cette année. Mise à mal par la crise grecque et une reprise encore fragile, la BCE devrait en revanche laisser son taux de 1?% inchangé au moins jusqu'au premier trimestre 2011. Un durcissement du taux directeur permet à la banque centrale de maîtriser les pressions inflationnistes engendrées par la croissance économique en renchérissant le coût du crédit. Etant donné le différentiel de croissance entre les Etats-Unis et l'Europe, les équipes de Citigroup estiment que la différence de rendement entre les titres à 10 ans allemands et américains pourrait encore augmenter de 45 points de base supplémentaires dans les prochains mois. Ce qui pourrait conduire les états-Unis à emprunter à 10 ans à un taux supérieur de plus 1 % à celui de l'Allemagne pour la première fois depuis septembre 2006. Une ristourne loin d'être négligeable, puisque Berlin devrait émettre 220 milliards d'euros de dette à long terme cette année, contre environ 2.200 milliards de dollars pour les états-Unis. nDans un contexte de craintes sur la solvabilité des états, les obligations d'état des deux pays sont un havre de paix.
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