Le franc suisse s'envole à des records historiques de vigueur face à l'euro

S'il est une monnaie que les déboires de l'euro, qui stationnait mardi en dessous de 1,35 dollar, ont fait monter en première ligne, c'est bien le franc suisse. Retrouvant le rôle de valeur refuge qu'il joue encore de façon épisodique et que la crise de la dette de la Grèce lui a restauré, il crève depuis le début de la semaine des records historiques de vigueur vis-à-vis de la monnaie unique. Mardi, le seul franc qui subsiste sur l'échiquier monétaire mondial (avec le CFA) s'est retrouvé propulsé jusqu'à 1,4270 pour 1 euro, alors que pratiquement tout au long de l'année 2009, il était resté enserré dans une étroite fourchette de 1,50 à 1,54 pour 1 euro. Depuis le début de l'année, la monnaie helvétique a ainsi regagné plus de 5,5 % de sa valeur, au grand dam de la Banque nationale suisse, dont la très active politique de change est aujourd'hui sérieusement mise à mal.La BNS a beau répéter quasi quotidiennement, mardi n'ayant pas fait exception, qu'elle « agira de façon décisive pour contrer toute hausse excessive » du franc suisse, les acteurs du marché des changes ne s'en laissent plus conter. Philipp Hildebrand, qui a pris la succession de Jean-Pierre Roth à la tête de l'institution début janvier, semble bien avoir perdu la main. Ce qui risque de peser lourd sur la compétitivité de l'économie suisse, très dépendante de ses exportations.Car le contexte a changé depuis le début de l'année. Les interventions musclées de la Banque nationale sur le marché des changes à partir de mars 2009 pour brider la hausse du franc suisse intervenaient dans un contexte de crise économique et financière mondiale où aucune des grandes monnaies, assorties de taux d'intérêt lilliputiens, n'avait suffisamment de panache pour attirer les investisseurs. En outre, la Suisse figurait alors en bonne place parmi les pays montrés du doigt pour leurs pratiques financières douteuses, au point de devoir mettre de l'eau dans son vin sur son sacro-saint secret bancaire. Aujourd'hui, l'heure est au détricotage des mesures anticrises mises en place depuis le déclenchement de la crise des « subprimes ». Il a suffi que Jean-Pierre Danthine, l'un des membres du conseil de la BNS, qui avait maintenu inchangé à 0,25 % son taux directeur à la mi-mars, laisse anticiper un durcissement de politique monétaire pour que les investisseurs s'engouffrent dans la brèche, accélérant la hausse du franc. Lequel ne s'arrêterait pas avant d'avoir atteint le seuil de 1,40 pour 1 euro, selon la banque UBS. Isabelle Croizard l'heure est au détricotage des mesures anti-crises mises en place depuis le déclenchement de la crise.
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