Les agences de notation à nouveau au banc des accusés

"En instillant dans un premier temps une confiance injustifiée dans des titres financiers à haut risque puis en échouant à abaisser leur notation de manière responsable, les agences de notation partagent la faute des dommages économiques" survenus suite à la crise de crédits immobiliers subprime. Les conclusions des investigations menées depuis novembre 2008 par le démocrate Carl Levin, président du sous-comité permanent du Sénat américain en charge des enquêtes, sont, une fois de plus, sans appel pour les agences de notation. Coïncidence du calendrierAlors que les sénateurs américains s'apprêtent à se prononcer ? peut-être dès la semaine prochaine ? sur le projet de réforme de la régulation bancaire et financière, le rapport du sous-comité permanent du Sénat, publié dès jeudi, apparait comme un appel à la mobilisation.Vendredi, une audition - la troisième sur la crise financière - devait permettre à des analystes et dirigeants de l'industrie, dont l'actuel patron de Moody's Raymond McDaniel et l'ancienne présidente de Standard & Poor's Kathleen Corbet, de venir témoigner.L'influence de Wall Street« Les agences de notation ont permis à Wall Street d'influencer leurs analyses, leur indépendance et leur réputation de sûreté », selon Carl Levin. "Les pressions concurrentielles, y compris la course à la part de marché et le besoin de satisfaire des banquiers d'investissement apporteurs d'affaires, ont affecté les notations émises par Moody's et Standard & Poor's", dénonce le rapport d'enquête.Le politique pointe aussi l'insuffisance des moyens mis en oeuvre pour évaluer ces nouveaux produits que représentaient alors les produits structurés et pour tester la précision des modèles d'évaluation, tout comme les délais nécessaires pour corriger le tir ensuite.Réformes en coursDepuis la crise des subprime, les agences ont cherché à améliorer leurs méthodologies et la transparence sur ces méthodologies. La Securities & Exchange Commission (SEC) a de son côté entrepris, dès juin 2008, de revoir les règles de son ressort. Mais la réforme de la régulation à l'étude contient un nouveau volet pour les évaluateurs. Historiquement, la SEC accordait une fois pour toute le précieux statut d'agence reconnue nationalement (NRSRO). Et paradoxalement, les lois et règlements américains, en faisant explicitement référence à une notation obligatoire par ces fameuses agences NRSRO, ont largement contribué à la dépendance du marché vis à vis de leurs notations. Conflits d'intérêtCela devrait changer. Selon le projet de réforme proposé aux sénateurs, la SEC, en btenant davantage de pouvoirs sur les évaluateurs, pourrait bien avoir à reconsidérer annuellement le statut de chaque agence. Et la référence dans les textes officiels à la notation NRSRO pourrait être réduite. Enfin, les investisseurs pourraient voir leur droit à poursuivre les agences augmenter. Ce que les agences préfèreraient éviter.Tout comme l'affaire Goldman Sachs - révélée le 16 avril dernier -, ce rapport tombe fort bien. Et si Carl Levin parle de pure coïncidence, il en a tout de même profité du calendrier pour militer en faveur de mesures supplémentaires, réglant la question des conflits d'intérêt.
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