A Shanghai, célibataire ne rime pas avec propriétaire

Il n\'est pas bon vent d\'être célibataire à Shanghai. La capitale économique chinoise interdit désormais aux provinciaux qui n\'ont pas encore la bague au doigt de devenir propriétaires sur son sol, même si leur situation le leur permet sans difficultés. Une réforme des plus originales pour conjurer la flambée des prix de l\'immobilier dans la métropole la plus peuplée de l\'Empire du Milieu. Adoptée l\'an dernier, elle est entrée en vigueur en juillet 2012. Devenir un « shanghaien » d\'adoption n\'est pas gagné d\'avanceD\'après le Bureau national des statistiques, près de 9 de 23 millions de résidents de Shanghai sont des provinciaux. Parmi eux, difficile de savoir combien sont passés devant l\'autel. Mais il est fort à parier que la proportion de célibataires reste significative.Si l\'on désire être propriétaire sans avoir rencontré l\'âme sœur, on peut alors toujours tenter de devenir shanghaien... Mais ce n\'est pas tâche facile : pour être officiellement considéré comme shanghaien, il faut pouvoir justifier que ses deux parents sont des « locaux », et également que l\'on a travaillé dans la ville pendant au moins sept ans. Le mariage offre une alternative, mais on ne reçoit son nouveau statut qu\'après dix ans d\'union avec un Shanghaien. Les ventes de neufs en repli de 16% depuis JuilletPas étonnant donc que depuis l\'entrée en vigueur de cette réforme, les ventes d\'immobilier neuf connaissent un repli de 16% à Shanghai, soit 7025 transactions, alors qu\'elles grimpaient de 24% en juin pour 8365 transactions. Un sommet qui n\'avait pas été atteint depuis 17 mois, selon les données de Century 21 China Real Estate.Et cette réforme ne fait pas bon ménage avec les traditions du pays, encore très ancrées dans la société chinoise. « Zhu Chao Yin Feng » dit le proverbe : « construis ton nid avant d\'attirer le phénix »... Il est très mal vu pour un Chinois de demander la main de sa bien-aimée sans avoir de toit au préalable. A présent, il faudra d\'abord trouver le phénix pour pouvoir bâtir un nid. Les provinciaux aussi rivalisent d\'inventivitéLes autorités de Shanghai ont d\'ores et déjà mis en place une politique restrictive l\'an dernier, et pas seulement à l\'égard des célibataires : les couples « officiellement » shanghaiens ne peuvent avoir dans leur patrimoine que deux propriétés dans la ville. Les ménages provinciaux n\'ont, pour leur part, le droit d\'en acheter qu\'une seule. Et ce, en justifiant de n\'avoir aucun autre bien immobilier ailleurs dans le pays, et à condition d\'avoir payé des impôts locaux sur les douze derniers mois. Un régime déjà draconien, qui s\'appliquait aux célibataires jusqu\'à l\'introduction de cette nouvelle réforme.Comme la réponse d\'un berger à sa bergère, les provinciaux eux aussi rivalisent d\'inventivité. Ainsi, ils peuvent se procurer un faux certificat de mariage pour environ 100 yuans (12,60 euros). Comparé au montant qu\'ils sont prêts à débourser pour devenir propriétaires, ce n\'est pas le bout du monde... D\'autant que si le certificat vient d\'une province autre que celle Shanghai, les autorités locales n\'iront certainement pas vérifier son authenticité, si l\'on en croit Lu Qilin, directeur de la recherche chez Deo Volente Realty, le troisième plus grand courtier immobilier en Chine. Et pour les couples qui souhaitent acquérir plus de deux propriétés, ils peuvent toujours recourir à un divorce « blanc ».La récente baisse du taux directeur a entraîné une explosion du nombre de ventesCette discrimination à l\'encontre des célibataires n\'est qu\'une nouvelle pierre à l\'édifice du gouvernement chinois, qui combat l\'envolée des cours de l\'immobilier depuis 2010. Ce dernier pouvait se féliciter de l\'efficacité de ses réformes en mai dernier, les prix du neuf ayant alors fléchi pendant neuf mois consécutifs. C\'était sans compter un abaissement du taux directeur par la banque centrale du pays en juin, poursuivi en juillet.Les Chinois ont ainsi pu bénéficier de crédits à taux réduit. Les ventes de biens immobiliers ont donc explosé dans l\'ensemble du pays, en hausse de 41% rien que sur le mois de juin. Et quand la demande galope, les prix suivent sans tarder... Selon les données du Bureau national des statistiques, à Shanghai, la tendance est claire : entre juin et juillet, les prix ont doucement poursuivi leur progression. Et même s\'ils sont plus bas qu\'à la même période en 2011, ils restent supérieurs aux niveaux de 2010. A en croire que les initiatives du gouvernement chinois peinent à porter leurs fruits. Exception qui confirme la règle : le prix des appartements de plus de 144 mètres carrés ont stagné entre juin et juillet, et ont même chuté par rapport aux deux années précédentes.
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