Comment Poutine se débarrasse de l'héritage de Medvedev

On connaissait la déstalinisation. Désormais, il faudra rajouter la « démedvedevisation » au vocabulaire des Kremlinologues. Toutes les traces laissées par l’ancien président russe (et, pour l’instant encore, premier ministre) sont méticuleusement effacées par une administration n’écoutant que les ordres du président Vladimir Poutine. La « démedvedisation » s’effectue à grande vitesse.Poutine défend la \"stabilité\"Le président vient ainsi d’envoyer au parlement un projet de loi annulant la limitation à 60 ans de l’âge des hauts fonctionnaires, pour la replacer à 70 ans. Un geste naturellement interprété par les commentateurs comme un signe supplémentaire de son intention de rester au pouvoir pour deux mandats de six ans consécutifs. En 2024, il aura 71 ans, comme bon nombre de ses fidèles alliés. Dmitri Medvedev se voulait modernisateur et attaché aux valeurs démocratiques. Vladimir Poutine place lui une valeur au-dessus de toutes les autres : stabilité.Tournant répressifPar conséquent, il resserre les boulons. Medvedev avait en 2010 placé son veto sur le durcissement de la législation sur les manifestations. Poutine a fait voter en juin dernier une loi répressive, infligeant des amendes allant jusqu’à 30 000 euros. Medvedev avait simplifié la loi sur les ONG en 2009, Poutine a tout défait en juillet dernier, étiquetant en outre celles financées depuis l’étranger de l’infâmante marque « agent étranger ». Medvedev avait annulé la diffamation du code criminel, Poutine l’y a replacé. Les élections directes de gouverneurs, désirées par l’ancien président, ont été entérinées, mais assorties par Poutine d’un « filtre présidentiel » permettant à ce dernier d’exclure à sa guise tout candidat ne lui convenant pas. La fin de la réduction du poids de l\'Etat dans l\'économieSur un plan plus économique, Dmitri Medvedev avait orienté sa politique vers une réduction du poids de l’Etat dans l’économie, une lutte contre la corruption et une indépendance accrue de la justice par rapport à l’exécutif. Vladimir Poutine fait tout le contraire : contraints par Medvedev de quitter les sièges des grandes entreprises d’Etat, les hauts fonctionnaires y sont revenus en force sur ordre de Poutine. La bureaucratie est plus en position de force que jamais et le plan de Medvedev consistant à dégraisser l’appareil d’Etat est passé aux oubliettes.Vladimir Poutine va jusqu’à effacer des traces mineures comme l’annulation du changement de l’heure d’été à l’heure d’hiver, décidé par Medvedev en février 2011.Medvedev fait le dos rond Se sentant sur une planche savonnée, alors que beaucoup d’observateurs lui donnent deux ans au gouvernement tout au plus, Dmitri Medvedev se raccroche aux branches. Alors que Vladimir Poutine mardi critiquait sévèrement le budget soumis par le cabinet ministériel, Dmitri Medvedev répondait jeudi en faisant le dos rond qu’il partageait le point de vue du président. Il sait que sa loyauté est une effet une assurance tout risques : Poutine n’a encore jamais envoyé au Diable un vassal dévoué. 
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