L'Élysée parie sur la résignation des Français, la gauche sur une sanction en 2012

Dès la mi-journée, jeudi, l'Élysée relevait une «?baisse sensible?» du nombre de grévistes, y décelant le signe d'une résignation des Français à la réforme des retraites, voire le début d'une acceptation de mesures pourtant rejetées par une forte majorité de sondés dans les dernières enquêtes (63?% et 68?% des Français favorables à la mobilisation syndicale, selon les instituts CSA et Viavoice).La méthode de Nicolas Sarkozy ne varie pas. Le chef de l'État, qui joue une partie cruciale dans sa marche vers une nouvelle candidature en 2012, mène la bataille dans l'opinion, bombardée chaque jour de petites phrases des ténors de l'UMP sur «?l'inéluctabilité?» de la réforme et de rappels gouvernementaux sur l'impérieuse nécessité des mesures d'âge (âge légal à 62 ans et retraite sans décote à 67 ans).«?On ne fait pas la réforme par plaisir mais parce qu'il faut la faire?», souligne un proche collaborateur de Nicolas Sarkozy.Le chef de l'État entend ainsi se bâtir une image de réformateur courageux. Après avoir laissé François Fillon et le ministre fragilisé Éric Woerth ferrailler contre la gauche à l'Assemblée nationale, Nicolas Sarkozy est monté en première ligne pour superviser l'élaboration des amendements qui seront déposés lors de la discussion au Sénat à partir du 5?octobre.Le président garde encore dans sa manche la carte d'une intervention télévisée pour accentuer l'effort de «?pédagogie?». Elle a été envisagée pour jeudi ou vendredi puis abandonnée, sans doute dans l'attente de la fin de l'examen du texte au Parlement, fin octobre.Il suffisait d'écouter le secrétaire général de l'Élysée, Claude Guéant, s'indigner le 5?septembre de l'étiquette de «?président des riches?» accolée à Nicolas Sarkozy, pour percevoir l'inquiétude réelle du chef de l'État. Le candidat de 2007, qui avait su gagner un électorat populaire, a perdu de son éclat après les polémiques à répétition sur les liens entre pouvoir et argent.C'est sur ce thème de l'injustice que la gauche entend capitaliser en vue de l'élection présidentielle. La première secrétaire du Parti socialiste, Martine Aubry, a répété jeudi que la réforme des retraites était «?une réforme symbolique de l'injustice?» du gouvernement. Au PS, beaucoup ont en mémoire la sanction sévère dont fut victime Jacques Chirac lors de la présidentielle de 1988, deux ans après le mouvement étudiant contre la réforme Devaquet. Les adversaires de la réforme des retraites ont d'ailleurs mis l'accent ces derniers jours sur la mobilisation espérée des jeunes. Et le PS insiste sur sa promesse de rétablir «?la liberté de partir à la retraite à 60 ans?» si un candidat de gauche gagne l'élection de 2012.Hélène Fontanaud
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